Ces ministres qui ont claqué la porte

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Bernard Kouchner a renoncé à démissionner. Mais d’autres avant lui l’ont fait avec fracas.

Michèle Alliot-Marie n’a jamais été "tentée". Fadela Amara n’y a pas songé parce que sa détermination est "intacte". Seul Bernard Kouchner a confié cette semaine avoir pensé à démissionner, en désaccord avec le discours sécuritaire du président de la République. Mais "penser à démissionner" n’est pas "démissionner". Un pas que d’autres ministres ont déjà franchi dans le passé pour marquer leur opposition à la politique menée.

Le départ le plus fracassant de la Ve République est sans aucun doute celui de Jean-Pierre Chevènement en 1991. Pour protester contre la guerre menée par la France en Irak aux côtés des Etats-Unis, le ministre donne sa démission et écrit dans une lettre officielle : "une certaine idée de la République m’amène à vous demander de bien vouloir me décharger des fonctions que vous m’avez fait l’honneur de me confier".

En 1983, il avait déjà quitté le ministère de la Recherche pour dénoncer le tournant "libéral". Et en 2000, il claquait la porte de la place Beauvau, opposé cette fois au projet d’autonomie partielle de la Corse.

"Vous n’entendrez plus parler de moi"

Plus discret, Michel Rocard a démissionné une fois, en 1985. Ministre de l’Agriculture, il n’était alors pas d’accord avec la mise en plan du scrutin proportionnel pour les élections législatives à venir. François Mitterrand ne lui en a visiblement pas tenu rigueur, puisqu’il le nomma Premier ministre trois ans plus tard.

Jacques Chirac est, lui, le seul Premier ministre de la Ve République à avoir tourné les talons. Le climat était électrique depuis son arrivée à Matignon avec le chef de l’Etat, Valéry Giscard d’Estaing, en 1976. Le journaliste Franz-Olivier Giesbert raconte que le futur président aurait alors promis à VGE avec qui il n’a cessé de ferrailler : "Sachez que je ne ferai rien, dans l’avenir, qui puisse gêner votre action (…) D’ailleurs, je crois que vous n’entendrez plus parler de moi en politique"…

Pourquoi Bernard Kouchner n'a, lui, pas franchi le cap de la démission ? Par souci "d'efficacité", a-t-il expliqué lundi, car "s’en aller, c’est déserter, c’est accepter". "S'en aller", il pourrait le faire de toute façon en octobre, contre son gré cette fois, à l'occasion du prochain remaniement ministériel annoncé par Nicolas Sarkozy.