Ces anciens ministres UMP tentés par la loi Macron

© BERTRAND LANGLOIS / AFP
  • Copié
, modifié à
LE CHOIX DE SOPHIE - Nicolas Sarkozy est contre la loi du ministre de l'Economie. Mais il ne fait pas l'unanimité

L'INFO. Un "catalogue de bonnes intentions", voilà comment Nicolas Sarkozy juge le projet de loi Macron. Courant décembre, le nouveau patron de l'UMP a donc sommé ses troupes de mener la fronde contre le texte du ministre de l'Economie. Sauf que les voix dissonantes sont de plus en plus nombreuses. Pas moins de sept anciens ministres ont ainsi fait part de leurs hésitations.

>> LIRE AUSSI - La loi Macron met l'UMP mal à l'aise

Frédéric-Lefebvre

Le premier à avoir franchi le Rubicon s'appelle Frédéric Lefebvre. L'ancien porte-parole de l'UMP, de 2007 à 2008, fait pourtant partie des sarkozystes historiques. Mais il n'hésite plus à s'affranchir de son ancien patron. L'ancien secrétaire d'Etat chargé du Commerce et des PME a  ainsi voté en faveur du Pacte de responsabilité en avril 2014 et il fera de même avec la loi Macron. "Demain, je voterai le projet de loi Macron. Quand un texte proposé par la gauche me semble bon pour le pays, je le vote. C'est du bon sens", a-t-il déclaré début décembre dans une tribune publiée dans L'Opinion.

"Le discours initial de Macron n'est pas antipathique"

mariani-640

Thierry Mariani n'est pas aussi tranché que son ancien collègue du gouvernement Fillon. mais l'issue pourrait bien être la même. "Je risque de voter pour cette loi. Les mesures sur le travail du dimanche et l’extension des lignes de cars, déjà enclenchées sous Nicolas Sarkozy, me semblent tout à fait acceptables", a lâché l'ancien ministre des Transports lors d'un entretien au JDD.fr, tout en brocardant un texte qui ne serait, pour lui, que "de la poudre de perlimpinpin".

>> LIRE AUSSI - Loi Macron : que contient-elle ?

karoutchi-640

Fidèle parmi les fidèles de l'ancien chef de l'Etat, Roger Karoutchi avoue quant à lui, dans le Talk Orange-Le Figaro, que "le discours initial de Macron n'est pas antipathique". Puis admet que si le texte, "c'est pouvoir travailler au moins douze dimanches, un relèvement ou l'assouplissement des seuils sociaux dans les entreprises, une remise en cause ou un assouplissement des CDI, un assouplissement pour les 35 heures, alors tout cela va dans le bon sens". Au départ, l'ancien Secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le parlement "pensait la voter". Aujourd'hui, il hésite et dit attendre le débat parlementaire. "Si ça va dans le bon sens, je le voterai", conclut-il tout de même.

"Je m'interroge. Je suis gêné"

Benoist Apparu est sur la même ligne. L'ancien ministre du Logement, aujourd'hui membre de la garde rapprochée d'Alain Juppé, se dit tiraillé. "Je suis encore dans l'hésitation car la direction est plutôt la bonne. D'un côté, il y a quelques éléments pas inintéressants mais ils sont tellement homéopathiques que j'hésite… Je m'interroge. Je suis gêné", a-t-il assuré sur BFM, le 31 décembre dernier.

chatel-nkm

Proche de Nicolas Sarkozy - qui a même un temps pensé lui pour le poste de secrétaire général de l'UMP à la place de Nathalie Kosciusko-Morizet -, Luc Chatel va moins loin que ses petits camarades. Mais mardi, l'ancien ministre de l'Education nationale a néanmoins jugé sur RTL que cette loi Macron contient quelques "dispositions de bon sens". De là à l'imaginer voter en faveur du texte du ministre de l'Economie, il n'y a qu'un pas… qu'il n'est pas loin de franchir : "je vais voir le débat parlementaire. Je pense qu'il y a un certain nombre de dispositions que j'approuverai car elles vont dans la bonne direction."

La libéralisation du travail du dimanche est l'élément qui titille Luc Chatel, lui qui y a "toujours été favorable". Même cas de conscience pour Nathalie Kosciusko-Morizet, qui assurait début décembre sur Radio Classique et LCI que si la Loi Macron "est le seul moyen" de libérer l'ouverture des magasins le dimanche, "et bien va pour la loi Macron !" Puis le 6 janvier, la numéro 2 de l'UMP a assuré sur France Inter que son parti était "très majoritairement contre la loi Macron".

Du pain béni pour Le Pen

bertrand-sarkozy-640

Sur Europe 1, début décembre, Xavier Bertrand, grand adepte du coup de pied de l'âne, liait son choix à la présence de quatre mesures dans le texte (mise en place d'un contrat de travail unique,  maintien d'un seul seuil social à 50 salariés, recentrage des missions de l'inspection du travail sur la sécurité des travailleurs et le travail illégal et  moratoire début 2015 pour toutes les entreprises qui auront du mal à payer leurs charges sociales à la mi-janvier) Et de promettre : "Ces quatre mesures, si elles sont dans la loi Macron, je les voterai".

Et Le Pen se frotte déjà les mains. Sept anciens ministres - et on n'a pas cité Hervé Mariton, favorable au texte et ministre sous Chirac - qui défient la parole sarkozyste, c'est aussi le signe que l'autorité du patron n'est plus ce qu'elle était. Des voix discordantes qui ont compris qu'il y a, au sein de l'UMP, un électorat libéral dont il ne faut pas se couper. Quitte à fâcher l'ancien président. Nicolas Sarkozy, qui a désigné Marine Le Pen comme sa principale adversaire pour 2017, ne voulait pas lui donner l'occasion de crier un peu partout que l'UMP et le PS sont sur la même ligne. Raté pour cette fois.

>> LIRE AUSSI - Croissance : la loi Macron portera-t-elle ses fruits ?