Ce que change un Sénat à gauche

Pour Moscovici c'est simple :désormais, Sarkozy "ne peut plus faire ce qu'il veut" au Sénat
Pour Moscovici c'est simple :désormais, Sarkozy "ne peut plus faire ce qu'il veut" au Sénat © REUTERS
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Hélène Favier , modifié à
Débat budgétaire, "règle d'or" : le basculement du Sénat change la donne pour le gouvernement. 

En renversant le Sénat, la gauche s'est offert, dimanche, une tribune en or pour contester les dernières réformes du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Même si l'Assemblée nationale conserve le dernier mot sur les textes de loi, tous les projets passent, en effet, entre les mains des sénateurs. Voici, en quatre points, ce que change le virage à gauche de la Chambre haute : 

DES DÉBATS HOULEUX 

Plus de la "règle d'or" - Dès dimanche soir, François Hollande et le nouveau sénateur EELV Jean-Vincent Placé ont souligné que la règle d'or était la première "victime" de la victoire de la gauche au Sénat. Dans une telle configuration, Nicolas Sarkozy ne pourra plus réunir le Parlement en congrès pour faire faire adopter une modification de la Constitution, pour laquelle il aurait besoin d'une majorité des 3/5e.

La fin des réformes ? - Un Sénat à gauche, cela veut dire que "Nicolas Sarkozy ne peut plus faire ce qu'il veut", résume le socialiste Pierre Moscovici, soutien de François Hollande, lundi sur Europe 1. L'examen du projet de loi de finances et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui doivent décliner le plan de rigueur du gouvernement, "sera très difficile", annonce le député du Doubs. Le chef de fil des sénateurs Jean-Pierre Bel, lui, explique vouloir "rendre au Sénat tout son rôle politique" alors que, selon lui, Gérard Larcher "s'est aligné sur le gouvernement en ce qui concerne par exemple la réforme territoriale ou celle des retraites". Il entend "organiser très rapidement des états généraux pour préparer un 'Acte 3' de la décentralisation".

UN POUVOIR ÉGALEMENT SYMBOLIQUE

Le deuxième personnage de l’État sera de gauche - Un président du Sénat de gauche - considéré comme le 2e personnage de l'Etat car assurant l'intérim du président de la République en cas d'incapacité ou de décès - présent au côté de Nicolas Sarkozy dans les grandes manifestations républicaines aura une portée symbolique et politique forte. Sans compter les pouvoirs de nomination qu'il possèdera notamment au Conseil constitutionnel ou au Conseil supérieur de la magistrature (CSM). A plus long terme, un Sénat de gauche "sera pour le prochain président de la République, s'il est de gauche, un sérieux atout", a pronostiqué François Hollande, candidat à la primaire socialiste. "Pour la première fois, l'Assemblée nationale, le Sénat et le président de la République pourraient être de gauche, ce qui aura un poids important en cas de révision constitutionnelle", fait valoir le politologue Bruno Jeanbart d'OpinionWay.

Un mauvais signal pour la présidentielle - "Il est évident que si d’aventure la gauche passait au Sénat, le sentiment d’une fin de règne difficile pour Nicolas Sarkozy en serait renforcé dans l’opinion", expliquait, jeudi dernier, le politologue Stéphane Rozès à Europe1.fr. Cet "ultime échec", ne manquera donc pas de venir plomber la campagne du président sortant.

La gauche avait connu une situation identique durant le premier septennat (1981-1986) de François Mitterrand, puis de 1988 à 1993, et ensuite pendant la troisième cohabitation (1997-2002), lorsque Lionel Jospin était Premier ministre.