"Ce n'était pas Yvan Colonna" affirme un témoin

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Une jeune femme, témoin clef du procès d'Yvan Colonna, a clairement laissé entendre mercredi à la barre que les enquêteurs avaient privilégié à tout prix la piste de la culpabilité du berger corse. Marie-Ange Contart a estimé qu'ils avaient même cessé d'accorder la moindre crédibilité à sa déposition dès lors qu'elle n'a pas reconnu l'accusé. Europe 1 vous dévoile le portrait-robot du tireur établi sur la base de son témoignage.

Le soir du 6 février 1998, Marie-Ange Contart et sa mère remontent en voiture la rue d'Ajaccio où le préfet de Corse Claude Erignac est assassiné. La jeune femme, alors âgée de 23 ans, est alertée par ce qui lui semble être des tirs de pétards : elle voit deux hommes, l'un brun en bas de la rue et l'autre blond, à moitié caché derrière une voiture en stationnement, qui tire vers le sol et manipule son arme avec laquelle il paraît avoir des problèmes. Pendant les dix ans de l'instruction, son témoignage capital, le plus précis, est maintes fois sollicité par les enquêteurs. Mais, affirme-t-elle à la barre, leur attitude a changé lorsqu'en 2001, elle n'a pas reconnu dans la photo d'Yvan Colonna l'homme qu'elle avait vu avec une arme. "Le jour où j'ai dit : ce n'est pas lui, j'ai eu l'impression qu'on ne me croyait plus... J'ai eu l'impression de dire tout à coup quelque chose qui n'arrange pas... de faire la plus grosse bêtise de ma vie", raconte Marie-Ange Contart. La défense a cependant fait valoir que la jeune femme n'avait pas identifié par ailleurs les deux autres membres du commando, qui eux ont déjà été condamnés.

Lorsque la police lui a présenté dix hommes alignés derrière une glace sans teint, en avril 2005, Marie-Ange Contart n'a pas non plus reconnu Yvan Colonna.De toute façon, le berger corse dénie toute valeur à ce "tapissage" : "J'avais le numéro 4 mais on m'avait placé au milieu. J'étais en survêtement et tous les autres en tenue de ville", raconte-t-il. "On aurait dit le quatre, c'est le coupable idéal, on n'aurait pas fait mieux". A la barre, Marie-Ange Contart a encore fait marquer des points à la défense. Elle n'en démord pas, l'homme avec une arme avait des cheveux mi-longs blonds cendrés, et non bruns comme le berger corse. Pour l'accusation, cette blondeur est due à une perruque. Mais la jeune femme assure que l'homme avait aussi une barbe blonde de quatre, cinq jours. Vous pouvez d'ailleurs découvrir en illustration en haut à gauche le portrait robot établi sur la base du témoignage de Marie-Ange Contart le 2 avril 1998. Un document exclusif que s'est procuré Europe 1.

La jeune femme a aussi déclaré qu'elle s'était sentie "épiée" et avait constaté que l'on s'était introduit, en son absence, dans son domicile à deux reprises au moins. "Croyez-vous avoir été sur écoute?", lui demande l'un des défenseurs de l'accusé. Marie-Ange Contart ne sait pas mais se rappelle qu'elle venait d'acheter un deuxième téléphone portable et que, lorsque la juge d'instruction Laurence Le Vert n'a pas réussi à la joindre à son numéro habituel, elle l'a appelée sur ce nouveau cellulaire dont elle n'avait pourtant pas donné les coordonnées.

La cour d'assises spéciale de Paris a ainsi bouclé mercredi l'audition de la vingtaine de témoins de l'assassinat du préfet Claude Erignac dans le flou. Au final, aucun d'entre eux n'a reconnu l'accusé Yvan Colonna comme présents sur les lieux du drame le 6 février 1998. Un seul témoin a parlé d'un troisième homme "un peu balourd", ce qui excluerait selon les autres la présence même d'Yvan Colonna. Mais les dépositions ont varié fortement sur les tailles et les aspects physiques des tueurs.