Un intellectuel patriote, tenu à l'écart du "noyau dirigeant" ultra-secret des Khmers rouges : Khieu Samphan, l'ancien chef de l'Etat cambodgien, soit le n°2 du régime, qui a été arrêté lundi à 78 ans, a toujours affirmé qu'il ne savait rien des crimes commis par le régime maoïste à la fin des années soixante-dix. Dans un livre paru en 2004, il a même demandé à ses compatriotes qui ont perdu des êtres chers de "bien vouloir pardonner" sa "naïveté". Quelque deux millions de personnes ont trouvé la mort pendant cette sombre période de l'histoire cambodgienne.
Khieu Samphan a été arrêté sur ordre du tribunal parrainé par l'ONU et qui est chargé de juger les crimes les plus graves commis entre 1975 et 1979 au Cambodge. Dans la journée de lundi, il a été présenté à un juge et inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité et placé en détention pour une période d'un an. Quatre autres responsables du régime khmer rouge ont déjà été arrêtés et inculpés de crimes contre l'humanité, de génocide ou de crimes de guerre par ce tribunal.
L'un des défenseurs de Khieu Samphan sera l'avocat français Jacques Vergès. Les deux hommes se sont rencontrés il y a un demi-siècle à Paris. En 2004, Jacques Vergès avait affirmé que Khieu Samphan n'avait pas de sang sur les mains et qu'il était simplement un jeune idéaliste qui s'était retrouvé mêlé aux politiques extrémistes de la Guerre froide.