Bus incendié à Marseille : Mama Galledou témoigne

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Six jeunes, âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, comparaissent depuis lundi matin devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour le deuxième procès de l'incendie criminel d'un bus à Marseille à l'automne 2006. Mama Galledou, la principale victime, a témoigné pendant une dizaine de minutes lundi après-midi, mais sans rencontrer ses agresseurs présumés, grâce à un système de visioconférence. Les accusés risquent au moins quinze ans de réclusion criminelle.

"C'était bouleversant. Elle a parlé sans haine, ni colère. Elle nous a donné une leçon de courage" : ce n'est pas l'avocat de la partie civile mais bien celui d'un des prévenus, Me Akim Ikhlef, qui a ainsi décrit le récit de Mama Galledou lundi après-midi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. La jeune femme âgée de 27 ans est la principale victime de l'incendie criminel d'un bus à l'automne 2006 à Marseille, brûlée sur 62% de la surface de son corps. Elle n'est pas venue témoigner directement à la barre lors du procès à huis-clos mais a parlé pendant une dizaine de minutes depuis la bibliothèque du palais de justice, grâce à un système de visioconférence. La plupart des accusés ont écouté son témoignage la tête baissée. Mama Galledou a simplement exprimé son désir de savoir ce qui s'était passé le jour du drame.

Les six accusés, âgés de 16 à 18 ans au moment des faits, sont poursuivis pour destruction volontaire par incendie et en réunion ayant entraîné une infirmité. Ils risquent quinze ans de réclusion criminelle, une peine qui peut être multipliée par deux si l'excuse de minorité n'est pas retenue. En octobre, deux adolescents, âgés eux de moins de 15 ans au moment des faits, ont déjà été condamnés dans le même dossier à huit ans d'emprisonnement par le tribunal pour enfants de Marseille.

Selon l'accusation, ils ont volontairement brûlé un bus de la ligne 32 dans la soirée du 28 octobre 2006. Pour les enquêteurs, l'acte a été prémédité. Les jeunes gens, affirment-ils, voulaient faire parler de leur cité, à un moment où les médias faisaient leurs Unes sur l'anniversaire des émeutes en banlieue parisienne, un an plus tôt. Les adolescents affirment avoir juste voulu mettre le feu et n'avoir voulu blesser personne. La principale difficulté pour l'instruction reste de déterminer le rôle exact des différents accusés et de savoir notamment qui a procédé à la mise à feu du bus.

Pour Mama Galledou, la situation n'a pas changé depuis deux mois et le premier procès. Elle est toujours en hôpital de jour à Marseille. Le soir, cette franco-sénégalaise de 27 ans rentre chez elle dans sa famille mais quotidiennement, ce sont quatre heures de retrait de pansements qu'elle doit subir. Mama Galledou en a encore pour deux ans de soins quotidiens. Selon son avocat, elle ne réclame pas des peines particulièrement lourdes pour ses agresseurs présumés, bien consciente que ces procès ne sont que des étapes dans un processus de reconstruction très personnel.