Buisson, l'homme de la scission

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Fabienne Cosnay et Caroline Roux , modifié à
ÉDITO -

En attaquant NKM, l'ancien conseiller de Sarkozy montre sa capacité de nuisance à l'UMP.

Le règlement de comptes. Tout juste désignée candidate de l'UMP pour les municipales à Paris après une campagne semée d'embûches, Nathalie Kosciusko-Morizet est aujourd'hui prise pour cible par Patrick Buisson. Dans une interview à L'Express, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, qui s'exprime très peu dans les médias, accable la nouvelle rivale d'Anne Hidalgo. "Elle n'est pas la meilleure pour gagner, mais la meilleure pour perdre. Elle n'a strictement aucune chance de reconquérir Paris" lâche-t-il. Un pronostic basé sur la personnalité de NKM, jugée "trop clivante, trop bling-bling pour ce qui reste des classes moyennes à Paris, trop mariage gay pour l’électorat conservateur de la Manif pour tous, déterminé à la faire battre".

Conclusion de Caroline Roux, "Patrick Buisson roule pour lui" :

Le passif. Ces deux-là ne se sont jamais aimés. Nathalie Kosciusko-Morizet et Patrick Buisson se sont pourtant beaucoup côtoyés, lors de dernière campagne présidentielle, en se mettant au service de Nicolas Sarkozy. L'une était sa porte-parole, l'autre son éminence grise, inspirateur de la droitisation de sa campagne. Après la défaite du président sortant, la stratégie défendue par Patrick Buisson a été publiquement remise en cause par plusieurs personnalités modérés de l'UMP. De François Baroin à Bernard Accoyer en passant par Roselyne Bachelot et … NKM, qui, un mois après la débâcle, en juin 2012, avait accusé Patrick Buisson d'avoir voulu "faire gagner Charles Maurras" plutôt que Nicolas Sarkozy.

Le "marabout Buisson". "Mon propos n'est pas idéologique, il est politologique", affirme Patrick Buisson dans l'Express. Vraiment ? Avant tout, l’ancien directeur de Minute roule pour ses idées. "Il est un idéologue au service d’un projet politique : la jonction entre l’UMP et le Front national", souligne l'éditorialiste politique d'Europe 1 Caroline Roux.

L'homme qui divise l'UMP. Dans le parti, ils sont nombreux à écouter Patrick Buisson parler "des fractures de la France". Il y a ceux qui assument leurs déjeuners avec lui, tels Jean-François Copé, Laurent Wauquiez et les fondateurs de la Droite forte, Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, adeptes de la potion du "marabout Buisson". Et les autres qui rasent les murs, préférant taire les rendez-vous d’hier avec l’homme qui murmurait à l'oreille de Nicolas Sarkozy.