Brigades rouges : Marina Petrella refuse d'être extradée

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Marina Petrella a fait savoir jeudi par le biais de son avocate qu'elle allait s'opposer à son extradition vers l'Italie. Cette ancienne membre des Brigades rouges a été interpellée mardi dans le Val-d'Oise. Après vingt ans de cavale et une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité notamment pour le meurtre d'un commissaire de police, elle a été incarcérée mercredi. L'Italie, toujours marquée par les années de plomb, exige que Marina Petrella soit extradée.

La machine judiciaire s'est mise en route pour Marina Petrella. Cette ancienne membre des Brigades rouges italiennes a été arrêtée mardi à Argenteuil dans le Val-d'Oise lors d'un banal contrôle de police. Dans la foulée de son incarcération mercredi, l'Italie a demandé son extradition. Mais jeudi, Marina Petrella a indiqué, par la voix de son avocate, qu'elle allait s'opposer à cette possible décision et qu'elle demanderait même dans les jours à venir une remise en liberté. A terme, son cas pourrait être examiné par la Cour de cassation. A 53 ans, Marina Petrella a derrière elle 20 ans de cavale. Condamnée en 1992 en son absence pour le meurtre d'un commissaire de police, l'agression de son chauffeur, la séquestration d'un magistrat, un vol avec armes et des attentats, Marina Petrella aurait dû purger une peine de réclusion criminelle à perpétuité en Italie. Elle est aussi connue pour avoir épousé en prison Luigi Novelli, l'ex-chef de l'aile la plus violente des Brigades rouges. Selon une source judiciaire, elle résidait dans le Val d'Oise depuis "longtemps", après avoir fui en 1986 l'Italie à l'occasion d'une remise en liberté sous contrôle judiciaire. Marina Petrella, qui occupe un emploi de travailleuse sociale, a une petite fille de 10 ans. Selon son avocate, elle vivait sans se cacher en France et bénéficiait d'un titre de séjour pour 10 ans. En Italie, son arrestation a été saluée par le chef du gouvernement Romano Prodi. Le souvenir des "années de plomb", entre 1970 et 1980, reste très vivant. Romano Prodi a exprimé sa "grande satisfaction pour la brillante opération" qui a permis l'interpellation de Marina Petrella. Selon lui, cette opération a permis l'arrestation d'une "dangereuse" personne en fuite, "membre historique des Brigades Rouges", soulignant "l'importance de la coopération internationale en termes de lutte contre la criminalité et le terrorisme". Il s'est dit "confiant" que la demande d'extradition de l'Italie pourra être "rapidement satisfaite". Marina Petrella, comme Cesare Battisti, fait partie d'un groupe de douze anciens militants d'extrême gauche condamnés pour crimes de sang en Italie, dont Rome avait demandé l'extradition à la France en octobre 2006. Les Brigades Rouges ont été l'un des principaux mouvements violents d'extrême-gauche pendant les "années de plomb" en Italie, entre 1970 et 1980. Le groupe a notamment enlevé et assassiné en 1978 le président du Conseil démocrate chrétien Aldo Moro. Il reste actif. Le dernier assassinat politique celui du professeur Marco Biagi, proche de la droite, remonte à 2002. Les anciens activistes d'extrême-gauche italiens sont réfugiés par dizaines en France, où ils ont longtemps bénéficié d'une immunité de fait, en raison d'une position exprimée par l'ancien président François Mitterrand. Ce dernier avait annoncé qu'il refuserait d'extrader les Italiens ayant "rompu avec la machine infernale dans laquelle ils s'étaient engagés", position ensuite suivie par neuf gouvernements de droite et de gauche. Le 4 mars 1998, le Premier ministre Lionel Jospin avait confirmé dans une lettre rendue publique qu'il s'y tiendrait. Le gouvernement Raffarin a rompu avec cette politique, notamment après une rencontre à Paris le 11 septembre 2002 entre les ministres de la Justice des deux pays, Roberto Castelli et Dominique Perben.