Birmanie : l'émissaire de l'ONU est venu, a vu, mais pas encore vaincu

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Impossible encore de savoir ce que l'émissaire de l'Onu a pu obtenir du généralissime Than Shwe qu'il a finalement rencontré mardi matin. Ibrahim Gambari a quitté la Birmanie quelques heures après cet entretien, le temps pour lui de rencontrer une dernière fois l'opposante Aung San Suu Kyi. La situation des centaines de moines emprisonnés par la junte militaire reste toujours aussi incertaine.

Ibrahim Gambari, diplomate international de nationalité nigériane mandaté par les Nations unies pour se rendre en Birmanie après la répression de manifestations de masse à Rangoun, a "rencontré le généralissime" Than Shwe, mardi, selon un responsable birman. On ignore toutefois la teneur de son entrevue avec ce général de 74 ans. Gambari devait lui demander de mettre fin à la répression et d'ouvrir des négociations avec Aung San Suu Kyi. Ibrahim Gambari a quitté la Birmanie en fin de matinée sans s'étendre sur sa mission, après avoir revu une dernière fois justement l'opposante assignée à résidence depuis 2003.

Durant ses quatre jours de présence sur le territoire administré par la junte birmane, Ibrahim Gambari a en fait multiplié les aller-retour entre Rangoun et Naypyidaw, la nouvelle capitale de la Birmanie. Une manière de multiplier aussi les entretiens avec des membres de la junte militaire, jusqu'au généralissime, et la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Les deux rendez-vous avec la principale opposante au régime militaire ont duré une heure la première fois et quinze minutes la seconde.

Rangoun, la plus grande ville de Birmanie et ancienne capitale, a été le théâtre il y a une semaine de manifestations populaires contre la junte, emmenées par des moines bouddhistes. Elles ont été violemment réprimées par les forces de sécurité. Des soldats ont tiré à balles réelles. Selon des sources officielles et officieuses birmanes, au moins treize personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées. Mais, d'après des diplomates occidentaux à Rangoun, le bilan des violences est bien plus élevé et les arrestations se comptent par centaines, voire par milliers, notamment parmi des bonzes, dont on est sans nouvelles.

Cette absence des moines est d'ailleurs le dernier motif d'inquiétude pour la communauté internationale alors que la junte birmane semble avoir un peu relâché la pression et notamment le couvre-feu en place depuis dix jours. Au moins mille personnes interpellées la semaine dernière lors de la répression de manifestations anti-junte en Birmanie ont été emmenées sur un campus universitaire de Rangoun pour y être détenues. Parmi ces personnes, se trouvent au moins 500 moines bouddhistes. Un responsable birman a indiqué que les bonzes étaient reclus dans un entrepôt sans fenêtre où ils avaient été contraints de se déshabiller. Un haut responsable des Nations unies s'est dit préoccupé par des informations selon lesquelles les détenus auraient déjà été conduits vers un autre site.