Birmanie : de nouvelles victimes et peu d'informations

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Selon le Premier ministre anglais, le nombre de victimes de la répression en Birmanie est "bien plus important" que ne le concède la junte militaire au pouvoir. Certaines sources parlent de nouveaux morts, en plus des 13 connus, et de centaines d'arrestations. Mais difficile d'avoir des certitudes : l'armée, qui contrôle la communication officielle, semble avoir suspendu les accès publics à internet.

Comment est mort le journaliste japonais Kenji Nagai jeudi dans les rues de Rangoun ? Selon la junte militaire au pouvoir, il a été tué par une balle perdue. Dans une vidéo qui circule sur internet, on voit pourtant un soldat tirer dans sa direction avant qu'il ne s'effondre. Ce cas est une illustration du flou qui règne autour de la vague de répression violente en cours en Birmanie. D'autant que face à la parole officielle, on compte de moins en moins de sources indépendantes. La principale liaison internet a brutalement arrêté de fonctionner vendredi, officiellement à cause d'un "câble sous-marin endommagé". Mais cette coupure aurait aussi pu être ordonnée par la junte qui cherche à empêcher la diffusion d'informations sur la répression en cours.

On craint qu'il y ait un nombre "bien plus important" de victimes que le bilan officiel de 13 morts, c'est ce qu'a déclaré Gordon Brown, le Premier ministre britannique vendredi. "Il y a eu des victimes, très probablement des morts et des blessés", a estimé de son côté un diplomate occidental, qui a requis l'anonymat. "Les arrestations sont assez massives, elles se comptent au moins par centaines", a-t-il dit, ajoutant que les forces de sécurité "raflent sans discrimination". Comme mercredi et jeudi, les soldats ont eu recours à la force pour disperser les rassemblements.

Ibrahim Gambari, l'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, est lui arrivé à Singapour et il se rendra à Ragoun samedi. Les autorités birmanes ont enfin donné leur accord. Mais les Etats-Unis réclament désormais qu'il ait le droit de rencontrer qui il voudra en Birmanie, y compris l'icône de l'opposition et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. L'ONU a appelé "les autorités à ouvrir un dialogue constructif avec son émissaire". Pour leur part, les Etats-Unis ont pris jeudi des sanctions contre 14 hauts responsables de la junte au pouvoir.

Les sanctions contre la Birmanie sont pourtant prématurées selon Vladimir Poutine. "Au début, une évaluation doit être faite au niveau des experts" sur la dangerosité pour la sécurité internationale, a estimé le président russe, dont le pays dispose d'un des cinq sièges de membres permanents au Conseil de sécurité de l'ONU et donc un droit de veto sur une éventuelle résolution sévère. Mercredi, la diplomatie russe avait estimé que les manifestations en Birmanie étaient une "affaire interne" qui ne menace pas la "sécurité régionale et internationale".