Bernard Combes, un fidèle de François Hollande

Bernard Combes n'est jamais très loin de François Hollande.
Bernard Combes n'est jamais très loin de François Hollande. © MaxPPP
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INTERVIEW E1- Le maire de Tulle, intime du président, considère qu'être "'hollandais' n'est pas difficile".

Ils sont peu à avoir la confiance et l’oreille du chef de l’Etat. Bernard Combes fait partie de ce carré de fidèles. Successeur de François Hollande à la mairie de Tulle, après avoir été son collaborateur parlementaire pendant des années, il devient, après la victoire du 6 mai 2012, son conseiller chargé de la relation avec les élus. Deux fois par semaine, il monte donc à l’Elysée, où il a son bureau. Son boulot : raconter au patron ce qui se dit sur le terrain.

>> Alors que le congrès des maires de France, qui s’est ouvert lundi, s’annonce houleux pour l’exécutif, c’est naturellement vers lui qu’Europe1.fr s’est tourné pour comprendre l’exaspération des édiles.

Baisse des dotations, hausse des charges, réforme des rythmes scolaires… Est-il devenu difficile d’être un maire ‘hollandais’ ?
Non, mais il est compliqué, et parfois complexe, d’être un maire, tout simplement. Ce qui est par contre nécessaire pour un maire ‘hollandais’, c’est d’expliquer la politique menée et pourquoi le redressement de la France ne se fera pas dans la minute. Il fallait faire des choix, ils ont été faits, maintenant il faut les assumer. Etre un maire ‘hollandais’ n’est pas difficile, mais il faut redoubler de pédagogie et de patience.

Comment les maires vivent-ils la situation actuelle, plus que difficile pour le gouvernement ?
Ils sont avant tout dans la difficulté de la gestion de leur commune et des problèmes de leurs administrés : chômage, précarité, pouvoir d’achat, problème d’accès au logement, à la santé… C’est leur quotidien.

Vous ne ressentez-pas de désenchantement particulier ?
Si je vous réponds non, vous ne me croiriez pas… Je suis un peu à part dans l’appréhension des choses car sur le marché de Tulle, ce que me disent les gens, c’est : ‘François doit tenir bon, on sait qu’il a choisi le bon cap et on lui fait confiance pour le tenir car on l’a vu travailler ici !’. Quand je quitte la Corrèze, je croise des gens qui valident en son action mais aussi, c’est vrai, des maires qui ne croient pas en sa politique. Et on ne va pas les convaincre maintenant !  Pour le moment, l’attitude des maires oscille entre méfiance et défiance.

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(Bernard Combes aux côtés du président lors d'une visite en Corrèze, en juillet dernier)

Quelle est la réaction de François Hollande quand vous lui rapportez cette exaspération ?
Il m’assure qu’il sait, qu’il mesure la difficulté  des gens dans leur quotidien. Il m’écoute. Mais il me rappelle aussi que vu l’état dans lequel il a trouvé le pays - ajouté à la situation internationale compliquée -, il est certain qu’il n’avait pas d’autre choix que de restaurer les capacités financières de notre pays, son indépendance et sa souveraineté via l’amélioration des comptes publics. Sans cela, on est condamné demain à devenir un peuple sous tutelle. Et il ne veut pas ça pour son pays. Etre impopulaire, c’est difficile, mais il sait bien que c’est un passage obligé.

A-t-il séché le congrès des maires de France de peur d’être sifflé, comme lors des commémorations du 11-Novembre ?
Non pas du tout, il est tout simplement en Israël pour une visite d’Etat importante. Et puis cela lui arrivera encore de se faire siffler…

Craignez-vous que le Premier ministre devienne donc la cible des quolibets des maires ?
On va voir… Il faut qu’il rencontre les maires et qu’il leur explique les difficultés, qu’ils échangent ensemble. Ensuite, s’ils veulent siffler, ils siffleront ! Est-on mieux gouverné par des gens que l’on ne siffle pas ? Je ne sais pas. Est-on mieux gouverner par des gens que l’on siffle ? Je ne crois pas. Le sifflement n’est pas un dialogue, c’est un bruit. L’important, c’est l’action.