Bayrou jure être "ininstrumentalisable"

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Hélène Favier , modifié à
Reçu mardi pour la 2e fois en 2 mois par Sarkozy, il assure rester un "opposant".

"Je suis ininstrumentalisable". C'est avec cette formule que François Bayrou a repoussé mercredi les critiques lui reprochant un rapprochement avec le Chef de l'Etat.

Le président du MoDem, dont la rencontre avec Nicolas Sarkozy le 22 avril avait déjà suscité des interrogations sur un éventuel rapprochement, a récidivé mardi. Soucieux de prévenir toute interprétation politicienne de cette nouvelle rencontre, François Bayrou s'est donc attaché à expliquer devant la presse le contenu de ses entretiens.

Ses conditions sur les retraites

"J'ai indiqué que j'étais prêt à soutenir la réforme des retraites si elle était raisonnable" mais j'ai fixé "trois lignes rouges" à ce soutien, a-t-il d'abord expliqué avant de détailler : il faut que la réforme "rende justice à ceux qui ont commencé à travailler très tôt", prenne en compte "la pénibilité" et, "plus important encore celui du filet de sécurité à 65 ans".

"Je suis ouvert à un glissement progressif de l'âge légal (de départ) mais il faut conserver la possibilité pour les plus fragiles de faire valoir ses droits à la retraite sans pénalisation ni décote à 65 ans", a-t-il indiqué. Cette "décote" concerne notamment les femmes qui ont élevé leurs enfants, les salariés ayant travaillé à l'étranger ou dont la carrière a été en dent de scie, avec des périodes de chômage. "Si cette cette disposition était mise en cause, je ne pourrais pas soutenir la réforme des retaites", a-t-il conclu lors d'une conférence de presse au siège du MoDem.

"Le chemin aride de l'opposition"

Interrogé sur une possible instrumentalisation de ses entretiens avec le chef de l'Etat, François Bayrou a martelé qu'il était un "opposant" au gouvernement.

"Même si c'était une opération de séduction ou de captatio benevolente, comme on dit en latin, ça n'a rien à voir avec la gravité de ce que nous avons à traiter", a-t-il ajouté à propos de ses entretiens à l'Elysée. "Les manoeuvres sont des manoeuvres de beau temps. Quand tout va bien, les hommes d'équipage s'amusent (...) mais là on n'est pas dans le temps serein qui permet des jeux comme ça".

"Une nuit du 4 août"

La France, qui vit "la période la plus difficile depuis la Guerre" a "besoin d'une nuit du 4 août et de l'abolition des privilèges", a ajouté l'ancien "troisième homme" de l'élection présidentielle de 2007.

Quand on évoque devant lui une éventuelle candidature en 2012 du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, ou de celui de la Défense, Hervé Morin, tous deux issus du centre, la réponse de François Bayrou est sans appel. "Quand on est membre du gouvernement, on est solidaire de l'action du gouvernement et on ne peut pas désavouer ce qu'on a approuvé, applaudi et voté", a-t-il asséné. "Si on renonce à l'indépendance, on renonce à la nature même de cette maison", a-t-il insisté.