Battisti : la procédure d'extradition enclenchée

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Administrator User , modifié à
Des responsables de la gauche française et le centriste François Bayrou appellent le gouvernement français à faire pression sur l'Italie pour que l'ancien activiste d'extrême gauche Cesare Battisti soit rejugé. D'autres, comme le Vert Noël Mamère, reprochent au ministre de l'Intérieur et candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, d'avoir fait un "coup électoral" en provoquant son arrestation à un moment opportun de la campagne présidentielle. Lundi soir, Nicolas Sarkozy a riposté et ne voit pas le rapport avec la campagne électorale. Le parquet de Milan a enclenché lundi matin la procédure d'extradition.

Cesare Battisti a été arrêté ce week-end au Brésil. Un coup de filet qui fait réagir en France... Plusieurs responsables de gauche, ainsi que François Bayrou, estiment que Battisti doit être rejugé en Italie. Le parquet de Milan a enclenché lundi matin la procédure d'extradition de l'ancien activiste d'extrême gauche, mais la loi italienne ne prévoit pas de second procès permettant au militant condamné par contumace de faire valoir ses arguments. La procédure devrait prendre cinq à six mois et Battisti attendra en prison au Brésil. L'activiste a de plus épuisé tous les recours possibles pour échapper à la détention. La Cour Européenne des Droits de l'Homme a rejeté sa plainte contre le décret français d'extradition. La décision de l'envoyer ou non en Italie relève désormais de la Cour suprême du Brésil. Et l'extradition est loin d'être acquise. Le Brésil, par tradition, refuse d'extrader les personnes accusées de crime politique. D'autres voix en France, comme celle du Vert Noël Mamère, reprochent au ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, d'avoir fait un "coup électoral" en provoquant son arrestation à un moment opportun de la campagne présidentielle. Le candidat UMP à l'Elysée a confirmé dimanche soir la contribution de la police française à l'arrestation de Cesare Battisti à Rio de Janeiro, dans un hôtel du quartier de Copacabana. Nicolas Sarkozy a contre-attaqué lundi soir sur France 2: "Voilà un Italien accusé d'assassinat en Italie, qui est arrêté au Brésil. Quel est le rapport avec la campagne électorale ?". "Et qu'est-ce que propose la gauche française ? Qu'on laisse courir ceux qui sont accusés d'assassinat et que je demande à la police française de ne pas coopérer avec la justice italienne ?" a ajouté le ministre de l'Intérieur. Il a de nouveau insisté sur le fait que c'était un gouvernement de gauche, le gouvernement italien de Romano Prodi, qui avait demandé l'extradition de Cesare Battisti. Cesare Battisti, condamné à la réclusion à perpétuité pour homicides en Italie, s'était installé en France en 1990 comme beaucoup d'activistes d'extrême gauche italiens. Il y était devenu gardien d'immeuble et auteur de romans policiers. Une demande d'extradition de l'Italie, rejetée une première fois par la cour d'appel de Paris en mai 1991 pour des raisons techniques, avait été relancée en 2004. Cesare Battisti, qui est âgé de 52 ans, avait alors été écroué le 10 février 2004, puis remis en liberté le 3 mars. Mais en août, il disparaissait de son domicile, juste après l'arrêt qui donnait le feu vert à son extradition, rendu le 30 juin et alors suspendu à un recours en cassation. "Ma position est simple, cet homme doit être jugé en Italie, il n'a jamais été jugé en sa présence", a déclaré le candidat UDF à l'élection présidentielle, François Bayrou, sur Canal+. Cesare Battisti "conteste sa culpabilité et le procès qui a dit qu'il était coupable est extrêmement contesté", a déclaré pour sa part le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. Il a rappelé, sur le plateau de LCI, que la France avait donné sa parole d'accueillir les anciens militants de l'extrême gauche italienne dès lors "qu'ils acceptaient de rompre avec un passé violent". Bertrand Delanoë a estimé que la motion de "protection" de Cesare Battisti votée dans le passé par le Conseil de Paris restait d'actualité. "Le respect du droit, c'est que personne ne peut échapper au jugement de ses actes et la présomption d'innocence, la qualité des processus judiciaires pour l'établir doivent être garanties", a-t-il dit. Olivier Besancenot, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), a appelé la gauche française et italienne à se mobiliser pour obtenir l'amnistie de l'ex-militant d'extrême gauche. "Pour l'instant, ça ressemble plus à de l'acharnement qu'autre chose", a-t-il dit sur Europe 1. Cesare Battisti, qui a une compagne et deux enfants français, se dit victime d'un complot politico-judiciaire et affirme n'avoir jamais tué, ni même tiré sur personne. Il a reçu le soutien d'une partie de la gauche française, de plusieurs associations et des milieux parisiens de l'édition.