Banlieues : la Cour des comptes accable la politique de la ville

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La Cour des comptes doit rendre mercredi un rapport accablant sur la gestion des fonds publics attribués aux banlieues, dans le cadre de la politique de la ville, depuis cinq ans. Les réformes sont trop lourdes, trop compliquées, trop nombreuses. Selon cette enquête, les 4 milliards d'euros dépensés chaque année ne servent pas directement à ceux qui en ont vraiment besoin.

"Lourdeur des dispositifs", "enchevêtrement" des réformes, "inconstance des politiques", "retards de paiement aux associations" : dans un rapport qui doit être publié ce mercredi, la Cour des comptes tire à boulets rouges sur la politique de la ville de ces cinq dernières années. Les 4 milliards d'euros investis chaque année dans les banlieues ne profiteraient pas directement à ceux qui en ont le plus besoin. A titre d'exemple, en 2002, l'Etat, via la préfecture, aidait 829 associations en Seine-Saint-Denis. En 2005, elles n'étaient plus que 150 à recevoir des deniers publics. Problème : l'argent se perd dans les rouages de l'administration.

Pire, la Cour des comptes pointe même un "désengagement de l'Etat avant les émeutes" de 2005 dans les banlieues. Le Comité interministériel des villes, qui n'avait été réuni qu'une fois en 1997 et 2002 par Lionel Jospin, a été totalement oublié par le gouvernement Raffarin jusqu'à l'embrasement des banlieues en 2005. Or, c'est ce comité interministériel qui est chargé de fixer les grandes lignes de la politique de la ville, d'en fixer le budget, mais surtout de coordonner les différentes mesures.

Ce n'est pas la première fois que la Cour des comptes pointe ainsi les ratés de la politique de la ville. Déjà en 2002, dans un précédent rapport, l'institution avait dénoncé la lourdeur des dispositifs créés. Pour tenter de régler ce problème récurrent, la Cour des comptes plaide pour la stabilité : "un ministère d'Etat dont le périmètre ne changerait pas pendant dix ans" afin de donner "un cadre stable à la politique de la ville et d'en évaluer les résultats".