Arche de Zoé : les familles demandent un million d'euros par enfant

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le procès de L'Arche de Zoé a repris lundi à N'djamena avec l'audition devant la Cour criminelle de certains parents d'enfants que l'association voulait emmener en France. L'une des avocates des parties civiles a demandé un million d'euros pour chacun des 103 enfants. Nadia Merimi, l'une des six membres de L'Arche de Zoé, a eu un malaise au cours de l'audience et a été évacuée vers la base militaire française.

Nadia Merimi, l'une des six membres de L'Arche de Zoé jugés par la Cour Criminelle de N'Djamena, a eu un malaise lundi au cours de l'audience. L'infirmière, âgée de 31 ans, a été évacuée de la salle d'audience à la demande d'un représentant de l'ambassade de France. Dans un premier temps, Nadia Merimi a été placée sur une civière et examinée par un médecin militaire français, ainsi que par un psychiatre qui suit depuis le début les six accusés français, incarcérés à la maison d'arrêt de N'Djamena. Elle était consciente et parlait, allongée sur la civière. Elle a ensuite était emmenée dans une ambulance militaire française vers la base française équipée d'installations hospitalières. Nadia Merimi, au début de sa détention à N'Djamena en novembre, avait déjà été hospitalisée quelques jours à la base française.

1 million d'euros : c'est ce que réclament les familles pour chacun des 103 enfants que l'Arche de Zoé a tenté d'exfiltrer du Tchad vers la France. "Nos clients ont subi des préjudices incommensurables", a dit Me Josiane Laminal Ndintamadji qui s'exprimait au nom des 70 familles parties civiles, "et en réparation, nous demandons de déclarer les accusés coupables des faits reprochés et de les condamner à payer 650 millions de francs CFA à chaque enfant, soit un million d'euros".

La Cour criminellede N'Djamena juge depuis vendredi six membres français de L'Arche de Zoé, accusés d'avoir voulu emmener du Tchad en France 103 enfants. Les accusés affirment qu'il s'agissait d'"orphelins du Darfour" voisin. Trois Tchadiens et un Soudanais présumés complices sont également poursuivis devant le tribunal. Un quatrième Tchadien, Mahamat Eritero, entendu comme témoin samedi avant d'être "mis à la disposition du Parquet pour plus d'informations" et incarcéré à l'issue de son témoignage, est arrivé lundi avec les autres accusés en provenance de la maison d'arrêt. Il a été placé dans le box avec les six Français, sans que sa situation soit précisée. Il avait nié samedi être un intermédiaire, comme l'affirme l'association, et s'était présenté comme un simple chauffeur ayant convoyé une quinzaine d'enfants entre Tiné, localité frontalière avec le Soudan, et Abéché, principale ville de l'est tchadien. Les enfants devaient être ensuite embarqués pour la France dans un avion spécialement affrété par L'Arche de Zoé.

"On sent peser une précipitation à rendre la décision, un empressement des magistrats à liquider les témoins, à ne pas aller au fond des choses", a dénoncé lundi Gilbert Collard, un des avocats des membres de L'Arche de Zoé. Gilbert Collard, qui est actuellement à N'Djaména, a dit s'attendre à un verdict mercredi. "On a l'impression que la justice tchadienne veut se débarrasser rapidement de ce procès", a-t-il dénoncé lundi. "Tout le monde dit que le procès est un prétexte à une solution politique". L'avocat a rappelé qu'en vertu d'une convention judiciaire entre la France et le Tchad de 1976, les membres de l'association humanitaire pourraient, en cas de condamnation, exécuter leur peine en France. Les six ressortissantsfrançais comparaissent pour "tentative d'enlèvement de mineurs et escroquerie", un délit passible au Tchad de cinq à 20 ans de travaux forcés.