Arche de Zoé : le ton monte entre la France et le Tchad

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Après les déclarations très volontaristes de Nicolas Sarkozy qui a dit mardi vouloir ramener en France toutes les personnes impliquées dans l'affaire de L'Arche de Zoé quoi qu'elles aient fait, les autorités tchadiennes ont réaffirmé leur volonté de défendre la souveraineté de leur justice dans ce dossier. Selon l'avocat de l'Etat tchadien, l'extradition des Français est impossible au regard des accords entre les deux pays.

Les propos de Nicolas Sarkozy mardi ont déclenché la colère du Tchad. Lors d'une étape en Bretagne, en route pour Washington, le président français a déclaré qu'il irait chercher les six hommes et femmes membres de l'Arche de Zoé poursuivis pour enlèvement d'enfants et escroqueries, comme il l'a fait dimanche pour trois journalistes français et quatre hôtesses de l'air espagnoles. "J'irai chercher ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait", a-t-il dit. "Le rôle du président est de prendre en charge tous les Français."

Une déclaration aussitôt jugée "inopportune" par le ministre tchadien de la Justice, Albert Pahimi Padacket. Plus tard, le président tchadien Idriss Déby a déclaré à des journalistes qu'il ne jugeait pas nécessaire l'expatriation des membres de l'ONG. "La justice se fera ici au Tchad", a-t-il dit. "Il n'est pas question pour le moment que les juridictions tchadiennes se dessaisissent du dossier." Il a souligné que l'opinion publique tchadienne était "très sensible à cette question" et qu'il fallait "respecter la souveraineté" et la justice du Tchad. "Nous avons une justice compétente et un procès en France constituerait une insulte pour le peuple tchadien", a ajouté le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique tchadien Ahmat Mahamat Bachir. "Quand nos délinquants se font arrêter chez vous, ils ne sont pas amenés ici. Soyons sérieux, ces inculpés doivent être jugés au Tchad."

Le porte-parole de l'Elysée a ensuite fait une mise au point à Washington, où il accompagne Nicolas Sarkozy. "Le président a redit ce qu'il a dit à N'Djamena, à savoir que sa préférence allait à ce que les détenus, notamment français, soit jugés plutôt en France", a déclaré David Martinon. "Pour autant, ce qu'il a dit à N'Djamena, et c'est ce qu'il a sous-entendu aujourd'hui, c'est que, bien évidemment, tout cela dépend d'une décision des autorités judiciaires tchadiennes. Ça ne peut pas se comprendre autrement." Prié de dire si Nicolas Sarkozy irait chercher les membres de l'ONG au Tchad si les autorités tchadiennes donnaient leur feu vert, il a répondu : "Pas nécessairement. Mais ce que nous souhaitons c'est que le dialogue qui s'est engagé entre la justice tchadienne et la justice française se prolonge dans les meilleures conditions, en application des accords bilatéraux passés, pour que la lumière puisse être faite sur cette affaire entre deux justices indépendantes."

L'extradition est impossible, c'est en tous cas la thèse défendue mardi par l'avocat de l'Etat tchadien. Une convention de coopération judiciaire existe bien entre les deux pays mais selon lui elle ne permettrait pas de transférer ainsi les inculpés vers la France et à terme de les juger dans leur pays d'origine pour avoir tenté d'emmener en France 103 enfants. L'article 29 de cette convention prévoit que "tout ressortissant de l'un des deux Etats condamné à une peine d'emprisonnement ou à une peine plus grave sera, sous réserve de son consentement, remis aux autorités de l'Etat dont il est ressortissant".