Arche de Zoé : la procédure reprend sous tension au Tchad

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les auditions des dix Européens inculpés et toujours incarcérés au Tchad ont repris ce lundi à N'Djamena dans le dossier de l'Arche de Zoé. Mais le contexte est de plus en plus tendu après la libération de trois journalistes français et quatre Espagnoles dimanche. Une ingérence française, permise par le président Déby, selon les manifestants tchadiens.

La procédure a repris un cours normal lundi pour les inculpés incarcérés au Tchad dans l'affaire de l'Arche de Zoé, après l'effervescence liée au rapatriement spectaculaire en Europe, par le président français Nicolas Sarkozy, des journalistes français et des hôtesses espagnoles. Dix Européens et quatre Tchadiens sont toujours incarcérés à N'Djamena. Le juge d'instruction a entamé lundi, par les trois Espagnols puis une responsable de l'Arche de Zoé, Emilie Lelouch, une nouvelle série d'auditions. Il a entendu pendant plus de deux heures chacun d'entre eux, alors que les auditions des journalistes et des hôtesses avaient été menées samedi au pas de charge. Les pilote, le copilote et le steward espagnols de l'avion qui devait transporter les enfants le 25 octobre sont sortis détendus et souriants de leur audition. Ils ont levé les pouces en l'air. Signe que tout allait bien. Les autres bénévoles de l'association, à l'exception de son président Eric Breteau entendu samedi, ont également été acheminés au palais de justice de N'Djamena. Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a appelé lundi le président tchadien pour lui demander le "meilleur traitement possible" envers les Espagnols encore détenus à N'Djamena.

Le parcours judiciaire devrait à présent s'inscrire dans la durée pour les six bénévoles français de l'association Arche de Zoé à l'origine de la tentative controversée de transport en France de 103 enfants depuis l'Est du Tchad. Leurs avocats français sont attendus mardi à N'Djamena. En revanche, une libération pourrait intervenir dans les prochains jours pour le steward espagnol et le pilote belge de l'avion. Le steward, pour lequel Madrid a espéré un "dénouement" rapide", n'a pas été libéré dimanche avec ses collègues hôtesses de l'air et les journalistes car il n'a été entendu au fond que lundi. Quant au Belge Jacques Wilmart, 75 ans, le président Idriss Deby Itno a jugé son cas "préoccupant" et a demandé à la justice de l'examiner pour ne pas avoir "entre les mains un cas de conscience".

Aux manifestations de soutien aux membres de l'Arche de Zoé organisées en France ce week-end, ont répondu ce lundi d'autres protestations, au Tchad cette fois, contre ces mêmes humanitaires français. L'arrivée des inculpés au palais de justice à N'Djamena a été accueillie pour la première fois par une foule en colère. Les militaires sont intervenus pour disperser les manifestants. "Voleurs d'enfants", la foule a crié jusqu'à la salle d'audience en poursuivant les inculpés européens. Au Tchad, la libération d'une partie des personnes poursuivies dans l'affaire de L'Arche de Zoé est vécue comme une humiliation : le président français serait venu chercher ses détenus, avec la bénédiction du chef de l'Etat tchadien, et sans considération pour la justice tchadienne selon les manifestants.

Idriss Déby a lui nié avoir faire l'objet de pression de la part de la France. Selon le président tchadien, les libérations de dimanche ne sont le fait que de la justice tchadienne."Les journalistes ont coopéré avec la justice et s'ils ont été libérés, c'est parce qu'ils se sont défendus" s'est défendu Idriss Déby.