Arche de Zoé : la justice tchadienne refuse de libérer les 6 Français

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le juge en charge de l'affaire de l'Arche de Zoé a rejeté mercredi la demande de remise en liberté des 6 Français encore détenus à N'Djamena mettant en avant la gravité des faits. Le dossier continue de provoquer la colère des Tchadiens, comme le montre la nouvelle manifestation "anti-française" dispersée par la police mercredi. En cause : l'interférence de la France dans cette affaire, qui pourrait être à nouveau illustrée par la publication d'une lettre envoyée par le président de l'ONG au Quai d'Orsay.

"A bas Sarkozy", "la traite négrière c'est fini" : c'est sous ces slogans que des centaines de personnes, jeunes pour la plupart, ont manifesté mercredi dans le centre de N'Djamena au Tchad. Certains participants ont aussi lancé des pierres sur des véhicules dans lesquels se trouvaient des Occidentaux. Cette nouvelle marche de protestation "anti-française" a été dispersée par la police. Mais elle confirme la colère de certains Tchadiens à propos de l'affaire de l'Arche de Zoé. Principal grief : l'ingérence française dans ce dossier.

C'est pourtant la "décision souveraine d'un juge" tchadien qu'ont reconnu les avocats des 6 Français qui restent détenus à N'Djamena. Ce magistrat a refusé la demande de remise en liberté provisoire déposée notamment par Me Gilbert Collard. "Eu égard à la gravité des faits, la mise en liberté provisoire des inculpés risque de nuire à la manifestation de la vérité et à l'ordre public", a estimé le juge d'instruction qui ne dispose pas encore des dépositions des parties civiles pour clore son dossier. Les avocats français ont tout de même décidé de faire appel de cette décision.

Mais un nouveau document pourrait relancer la polémique sur le rôle de la France dans cette affaire. Il s'agit d'un courrier publié en partie mercredi par Le Canard Enchaîné, une lettre envoyée le 13 juillet dernier par le président de l'Arche de Zoé au conseiller du ministre des Affaires étrangères chargé de l'Afrique. Dans ce document, Eric Breteau, qui a été reçu le 4 juillet au Quai d'Orsay, promet de "collaborer discrètement" avec la diplomatie française "afin que vous disposiez d'un maximum d'informations vous permettant, au besoin, d'intervenir dans les meilleures conditions". Eric Breteau écrit que "comme évoqué lors de notre entretien, nous avons pleinement conscience des répercussions de cette opération humanitaire" mais promet toutefois d'opérer dans un "cadre strictement légal". Comme les 6 autres Français encore détenus et les onze Européens déjà libérés, il est poursuivi pour "enlèvement de mineur" et "escroquerie", ou complicité, au Tchad.