Amnistie sociale : la gauche se déchire

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Fabienne Cosnay et Alexandre Kara , modifié à
Le gouvernement affiche désormais une franche opposition au texte. Le Front de gauche fulmine.

L'INFO. Entre le gouvernement et la gauche de la gauche, le fossé ne cesse de se creuser. Dernière pomme de discorde : la loi sur l'amnistie sociale, proposée par le Front de gauche et qui a été rejetée mercredi en en commission des Lois à l'Assemblée. Alors qu'au palais du Luxembourg, le texte avait reçu un vote favorable des sénateurs socialistes avec la bienveillance du gouvernement, le ton n'est aujourd'hui plus du tout le même.

Pour le gouvernement, c'est non. Toute la matinée de mercredi, ministres et responsables de la majorité PS ont diffusé le message : il ne faudra pas compter sur les voix du PS pour faire adopter le texte. "La position du gouvernement dans ce débat sera non. Nous ne sommes pas favorables à cette amnistie, ni à aucune autre", a expliqué le ministre en charge des relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Lors de son compte-rendu du Conseil des ministres, Najat Vallaud-Belkacem a encore enfoncé le clou : "on a travaillé ce texte au Sénat pour essayer de l'améliorer mais il continue de soulever des difficultés très nombreuses, nous avons pensé qu'il était préférable de ne pas l'adopter", a déclaré la porte-parole du gouvernement.

Le Front de gauche fulmine. "La honte ! Le PS vote contre l'amnistie sociale. Socialistes, rompez les rangs !", a fustigé Jean-Luc Mélenchon, sur son compte Twitter. "Alors que ce texte a rassemblé une majorité de gauche au Sénat, que la ministre de la justice s'était engagée publiquement à sa mise en oeuvre, Alain Vidalies annonce un invraisemblable renoncement. Cette trahison est insupportable", a ajouté le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles.

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L'heure est à l'apaisement. Comme l'a expliqué François Hollande en clôturant la séquence mariage gay, mercredi, à la sortie du Conseil des ministres, le mot d'ordre est à l'apaisement et au rassemblement. Au moment où les débordements du "mariage pour tous" sont condamnés, l'exécutif ne veut pas donner l'impression qu'il y a deux poids, deux mesures dans l'exercice de la justice en soutenant l'amnistie des délits commis lors de débordements sociaux. "Ca a été la position du président de la République depuis l'origine et ce qui se passe en ce moment montre qu'il faut avoir une seule réponse, le respect de la loi républicaine pour tous", a argumenté Alain Vidalies, à la sortie du Conseil des ministres.

Une arme de représailles. Face aux attaques de plus en plus violentes de Jean-Luc Mélenchon et à des sénateurs communistes qui n'hésitent pas à mettre en difficulté la majorité en alliant leurs voix à celle de la droite, le gouvernement a aussi décidé de ne plus faire de cadeaux. Ni aux communistes, ni au Parti de gauche.