Algérie : Sarkozy dénonce le colonialisme et mise sur les contrats à venir

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Venu pour signer des contrats commerciaux, Nicolas Sarkozy a donné une tonalité plus politique à sa visite d'Etat de trois jours en Algérie dès son arrivée lundi en dénonçant le colonialisme comme un système "profondément injuste". Mais le président français a aussi indiqué que le moment était venu de "bâtir un avenir d'entente et de coopération". Montant des contrats annoncés : 5 milliards d'euros.

C'est devant un parterre de chefs d'entreprises français et algériens que Nicolas Sarkozy a pris à contre-pied l'agenda initial de son voyage en Algérie, laissant pour un temps au second rang les enjeux économiques pour donner à sa visite d'Etat une tonalité plus politique. Celui qui a toujours refusé de faire "repentance" a dénoncé dès son arrivée à Alger le système colonial qu'il a qualifié de "profondément injuste" et "contraire" aux principes de liberté, d'égalité et de fraternité. "Mais il est aussi juste de dire qu'à l'intérieur de ce système, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont aimé l'Algérie, avant de devoir la quitter. Oui, des crimes terribles ont été commis tout au long de la guerre d'indépendance, qui a fait d'innombrables victimes des deux côtés", a expliqué Nicolas Sarkozy. Avant d'estimer qu'il était temps de "jeter le même regard sur notre passé et bâtir sur cette base un avenir d'entente et de coopération". Il a aussi appelé à combattre "avec une détermination sans faille toute forme de racisme, d'islamophobie et d'antisémitisme".

Une centaine de chefs d'entreprises français accompagnent le président Sarkozy lors de ce voyage officiel de trois jours. Parmi les signatures de contrats escomptées figurent l'investissement de Total, pour un montant d'1,5 milliard de dollars, en partenariat avec la compagnie publique algérienne d'hydrocarbures Sonatrach, dans un vapocraqueur (installation permettant le craquage d'hydrocarbures en présence de vapeur d'eau) à Arzew (ouest). Les investissements d'un milliard d'euros de GDF permettront eux de développer le gisement gazier du Touat, au Sahara algérien. "Les contrats dont nous espérons la signature ou la confirmation à l'occasion de ma visite pourraient ainsi représenter jusqu'à 7.000 emplois directs supplémentaires en Algérie", a indiqué Nicolas Sarkozy. Au total, le président français table sur des accords commerciaux pour 5 milliards d'euros. Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que la France et l'Algérie allaient signer mardi un "accord de partenariat" dans le secteur de l'énergie nucléaire civile. Aucun détail sur le contenu n'a été donné. Selon des sources françaises à Alger, le PDG du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon, a précédé de quelques jours le chef de l'Etat dans la capitale algérienne pour évoquer la coopération nucléaire. Ce partenariat devrait notamment concerner la recherche et la sécurité.

La préparation de ce voyage avait été empoisonnée par les attaques dont Nicolas Sarkozy a été la cible. Leministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants) Mohammed-Chérif Abbas a accusé le président français d'être soumis aux impulsions d'un "lobby juif" , avant d'être publiquement désavoué par le président Bouteflika. Les Algériens attendent également de Nicolas Sarkozy qu'il assouplisse les conditions d'obtention des visas vers la France.