Alain Juppé garde les clés de Bordeaux

  • Copié
Rédaction Europe1.fr , modifié à
Alain Juppé a décidé de conserver le seul mandat qui lui reste, celui de maire de Bordeaux, et ce en dépit de sa défaite à l'élection législative. Battu de justesse dimanche soir dans la 2e circonscription de Gironde, Alain Juppé avait démissionné dans la foulée du gouvernement.

"J'ai pris la décision d'accomplir le mandat que m'ont confié les Bordelais et les Bordelaises", a déclaré Alain Juppé devant sa permanence électorale sous les ovations de plusieurs centaines de personnes venues pour lui demander de ne pas quitter le navire. "Bordeaux est si aimable au sens le plus fort du terme que nous n'allons pas vous et moi, au milieu du gué, laisser la tâche que nous avons entreprise. Nous allons faire de Bordeaux une communauté exemplaire, généreuse, solidaire et juste. Cela efface en nous toutes les déceptions", a-t-il ajouté. Alain Juppé avait repris son fauteuil de maire à Hugues Martin lors d'une élection municipale anticipée, le 8 octobre dernier, après avoir respecté sa condamnation à 14 mois de prison avec sursis et à un an d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris. Alain Juppé a rappelé que depuis son arrivée en 1995, "Bordeaux a changé, nous l'avons changé, j'en suis heureux et fier. Il faudra aussi que nous changions et que nous sachions nous adapter à ce nouveau Bordeaux". L'ancien Premier ministre, qui n'a plus que son fauteuil de maire de la capitale de l'Aquitaine, a tiré les enseignements de sa défaite et indiqué qu'il faudrait "changer nos modes de fonctionnement, changer nos comportements, changer notre relation avec les Bordelaises et les Bordelais qu'il faut aller voir partout où ne sommes pas allés". Il a également déclaré que tout cela serait évoqué avec son "équipe municipale" dans les 48 heures à venir. "Ce que je ne pourrais pas faire dans les mois qui viennent au niveau national, au niveau européen, au niveau mondial, je vous invite à le faire avec moi à Bordeaux", a-t-il lancé en promettant de faire de la ville "une communauté exemplaire".Dimanche soir, Alain Juppé a été battu par la candidate socialiste Michèle Delaunay avec environ 670 voix d'écart (49,07% contre 50,93%) dans une circonscription détenue par la droite depuis 1947. "J'avais confiance parce que je pensais que le lien que nous avions renoué au mois d'octobre était assez fort pour résister aux turbulences nationales", a-t-il expliqué ajoutant: "Personne ne m'obligeait de me présenter à ces élections", mais "c'est ma conception de la vie démocratique". Lundi, lors de l'inauguration du salon mondial des vins et des spiritueux Vinexpo, qui se tient au parc des expositions de Bordeaux-Lac, Alain Juppé avait lancé aux journalistes: "Si je pouvais crever, vous seriez contents!". Mardi soir, il est revenu sur cet incident et s'en est à nouveau pris aux reporters hués par ses partisans, dénonçant "la violence de la pression médiatique" et un certain "manque d'humanité" dont il a dit avoir voulu se protéger. Le Premier ministre François Fillon s'était engagé à ce que les membres du gouvernement candidats aux élections législatives démissionnent en cas de défaite dans les élections. Alain Juppé avait donc annoncé dès dimanche soir sa démission du gouvernement où il occupait le poste de ministre d'Etat chargé de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables. Remplacé par Jean-Louis Borloo, ancien locataire de Bercy, la passation de pouvoir s'est tenue mardi "dans la sobriété", immédiatement après l'annonce du gouvernement Fillon II.