Airbus : les présidentiables sur le pont

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Administrator User , modifié à
Plus de 10.000 salariés d'Airbus et d'entreprises sous-traitantes manifestent aujourd'hui dans toute la France pour dénoncer le plan de restructuration "Power 8" annoncé la semaine dernière par le constructeur aéronautique. Lundi, les présidentiables ont multiplié les propositions pour sortir Airbus de la crise. L'Etat français s'est lui dit prêt à participer à une augmentation de capital dans EADS, maison-mère d'Airbus, si l'entreprise le juge nécessaire, a déclaré Dominique de Villepin à l'issue d'une réunion à Matignon.

C'est le grand jour pour les salariés d'Airbus et des entreprises sous-traitantes de l'avionneur. Plus de 10.000 personnes manifestent en ce moment dans toute la France. Plusieurs personnalités politiques dont le candidat altermondialiste à la présidentielle José Bové et celui de la LCR Oliver Besancenot ont annoncé leur soutien aux manifestants. Le plan de restructuration "Power 8" prévoit la suppression de 10.000 emplois dont 4.300 en France, où sont installées quatre usines de l'avionneur européen. A la veille de cette journée de mobilisation, les salariés toulousains du constructeur aéronautique ont vu défiler les politiques. François Bayrou d'abord, puis Nicolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP a rencontré les représentants syndicaux d'Airbus et s'est déclaré favorable à une renégociation du pacte d'actionnaires au sein d'EADS. Il a ensuite mis en cause l'appréciation de l'euro face au dollar dans les difficultés d'Airbus. De son côté, François Bayrou a estimé "indispensable" que l'Etat français "prenne ses responsabilités" pour aider Airbus sans pour autant s'installer aux commandes. Les candidats UMP et UDF ont rejeté la proposition de Ségolène Royal de faire entrer des régions françaises dans le tour de table d'EADS. La candidate socialiste à l'Elysée a répliqué en appelant l'ensemble des forces politiques françaises "à faire bloc" pour défendre la filière aéronautique et proposé un plan en quatre points pour Airbus, dont la recapitalisation d'EADS par l'Etat français. Elle a aussi réclamé un plan pour l'ensemble des sous-traitants de l'avionneur et la prise de décrets pour permettre aux régions d'entrer au capital. Elle a discuté de l'avenir du groupe avec la chancelière allemande Angela Merkel qu'elle a rencontré aujourd'hui à Berlin. Ségolène Royal souhaite que la France et l'Allemagne définissent en commun des politiques industrielles. Les membres de l'intersyndicale d'Airbus se sont pour leur part déclarés rassurés par leurs rencontres avec François Bayrou et Nicolas Sarkozy. "Le but du jeu n'est pas de faire une comparaison entre l'un et l'autre. Tous deux ont été concrets et tous deux nous ont apporté leur soutien ferme. C'est l'essentiel", a ainsi déclaré Xavier Pétrachi, pour la CGT. "Même s'ils estiment qu'un plan était nécessaire pour sortir de cette crise, tous deux ont été d'accord pour dire que ce plan n'était pas le bon pour la situation. C'est l'essentiel pour nous, puisque nous le croyons aussi", a t-il ajouté. De son côté, Dominique de Villepin avait réuni, lundi après-midi à Matignon, tous les ministres concernés par le dossier. "L'Etat jouera tout son rôle", a dit le Premier ministre à l'issue de cette réunion. "L'Etat est prêt à participer à toute augmentation de capital qui sera jugée nécessaire par l'entreprise." Une position réaffirmée mardi matin par le ministre de l'Economie Thierry Breton.