Abattage rituel : juifs et musulmans en colère

Le CFCM refuse "que l'islam serve de bouc émissaire dans cette campagne".
Le CFCM refuse "que l'islam serve de bouc émissaire dans cette campagne".
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avec Stéphane Grand et AFP , modifié à
Les représentants de ces deux religions regrettent les propos de François Fillon.

"Le CFCM ne comprend pas et n'accepte pas que l'islam et les musulmans servent de boucs émissaires dans cette campagne électorale", a dénoncé mardi le président de l'institution qui représente les musulmans de France. Cette déclaration de Mohammed Moussaoui intervient au lendemain des propos de François Fillon, sur Europe 1, à propos des traditions musulmanes et juives sur l'abattage rituel.

Le Premier ministre, s'exprimant à titre personnel, avait estimé sur Europe 1 que "les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé".

"Dans un état laïc"

"Sur le fond, il est évident que dans un état laïc, ni l'Etat ni la science profane ne définit les pratiques religieuses d'un culte. La seule limite qui peut être portée doit être proportionnée aux impératifs de l'ordre public", a commenté Mohammed Moussaoui.

Le président du CFCM a également exprimé ses réserves sur la proposition de Nicolas Sarkozy de mettre en place un étiquetage sur la méthode d'abattage des viandes : "Certaines associations souhaitent instrumentaliser cet étiquetage pour stigmatiser les musulmans et les juifs de France. Nous craignons qu'un étiquetage mal conçu stigmatise un mode d'abattage."

"Il règne un ensemble de déclarations qui nous surprennent"

Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, s'est de son côté dit, sur Europe 1, "surpris et déçu" des propos de François Fillon. "Dans le climat actuel, qui a malheureusement démarré par le débat, instauré par le gouvernement, sur l'islam, l'identité, l'immigration, il règne un ensemble de déclarations qui nous surprennent de la part de personnes qui sont nos amis et à qui nous voulons absolument conserver notre confiance", a-t-il ajouté.

Un débat qui "n'a pas lieu d'être"

Le grand rabbin de France Gilles Bernheim a pour sa part estimé que le débat sur la viande halal et casher "n'avait pas lieu d'être" et s'est dit très "gêné" par les déclarations de François Fillon. "Les problèmes de la France sont tellement importants, nous sommes en période de crise, en quoi le problème de la viande casher et de la viande halal est un problème majeur pour la France ?", a-t-il demandé.

"On ne peut pas parler d'une religion comme d'un archaïsme", a affirmé Gilles Bernheim. "Il s'agit d'une parole révélée, il ne s'agit pas d'une mesure d'hygiène, il ne s'agit pas d'un raisonnement que les hommes tiennent pour savoir si sur le plan de l'hygiène, sur le plan sanitaire, c'est une bonne manière de mettre fin à la vie des animaux", a-t-il ajouté. Le grand rabbin devrait rencontrer François Fillon mercredi.

"Quelque chose de désagréable, d'humiliant"

Lundi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, s'était dit "choqué" par la déclaration "stupéfiante" de François Fillon. "Il y a là quelque chose de désagréable, d'humiliant, et de contraire à notre tradition républicaine", avait-il déclaré.