2016 : non, Fillon ne s'effacera pas

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Benjamin Bonneau, avec Aurélie Herbemont , modifié à
ZOOM - L’ancien Premier ministre a encore pris ses distances avec Sarkozy.

 "Par devoir et non par envie", voilà pourquoi François Fillon ambitionne de conquérir l’Elysée en 2017. Des propos que ne renierait pas… Nicolas Sarkozy. Jeudi soir, dans l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, l’ancien Premier ministre a montré sa totale détermination, s’affranchissant encore un peu plus de la tutelle de l’ancien président. "Il a toujours aimé la compétition, il y aura une confrontation d'idées, une confrontation ouverte", a prévenu François Fillon. La bataille est lancée.

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"2017 ne sera pas la revanche de 2012". François Fillon considère que, maintenant, c’est son tour. A Matignon, il a été loyal à Nicolas Sarkozy pendant cinq ans, a avalé des couleuvres et porté une politique avec laquelle il n’était pas toujours d’accord, donc 2017, c’est pour lui.

L’ancien président fait savoir qu’il ne sortira de sa retraite politique que si le besoin s’en fait sentir ? Le message envoyé par son ancien "collaborateur" est clair : "pas besoin de te sacrifier, je vais gérer." Et François Fillon ne s’est pas fait prier pour rappeler qu’il "étai[t] à ses côtés [quand] Nicolas Sarkozy a dit qu'il sortirait de la vie politique. Et je n'ai pas entendu de sa part dire le contraire". Ou comment mettre la pression sur le favori des sondages.

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"Il faut quand même un peu d’envie…" Parce que, selon lui, François Hollande conduit la France dans le mur, le candidat de l’UMP en 2017 aura pour "devoir" de redresser la France. Et François Fillon a déjà un projet politique en ce sens, qu’il a déroulé avec fermeté jeudi soir : abrogation des 35 heures, suppression de l’ISF, baisse du nombre d’immigrés, diminution des allocations chômage… Pas emballant, lui dit-on. Aucune importance, répond-il, il n'entend pas "faire rêver les Français" mais "leur reconstruire un avenir".

Un partisan du retour de Nicolas Sarkozy ironise : "le coup du devoir, ça marche un an avant une élection, pas quatre ans avant pour se lancer". Un autre ajoute : "il faut quand même un peu d’envie pour la présidentielle, sinon qu’il reste chez lui…" 

Cope-Fillon

Non, il ne s’effacera pas. Cette ambition affichée très tôt ne fait (évidemment) pas que des heureux à l’UMP. Après la guerre Copé-Fillon, beaucoup sont d’ailleurs persuadés que malgré sa détermination, l'ancien Premier ministre n’ira pas au bout. Certains de ses amis en douteraient même. Jeudi soir, il a tout fait pour les rassurer. Si Nicolas Sarkozy revient, "il n’ira pas jusqu’à l’affronter dans une primaire pour ne pas se faire humilier", croit savoir un proche de l’ancien chef de l’Etat.

Mais le député de Paris - qui a déjà fendu l’armure dans sa guerre face à Copé - a redit qu’il était prêt à la bagarre. Pas question - comme Jean-François Copé l’a promis - de dérouler le tapis rouge à l’ancien président, car "l'avenir de la démocratie ce n'est pas une question de révérence, de protocole, de hiérarchie".  Et de conclure : "si [Sarkozy] voulait revenir dans la vie politique, il aura un projet, il y aura un débat, les Français choisiront". François Fillon est prêt.