Michèle Bernier. 2:08
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A.D et Isabelle Morizet , modifié à
L'actrice a suivi les traces de son père plutôt que de revêtir une robe d'avocate. Mais pour elle, le métier est plus dur pour les femmes.
INTERVIEW

Avant de monter sur les planches, l'humoriste Michèle Bernier s'est faufilée sur les bancs de la fac de droit. Ce passage à l’université (qui a duré deux ans quand même) a été souligné sur Europe 1, dimanche, dans Il n'y a pas qu'une vie dans la vie. A l'époque, Michèle Dernier envisage de devenir avocate. Mais porter la robe n'était pas sa vraie vocation. Elle change alors d'aiguillage pour vivre ce qu'elle n'avait pas osé jusque là : embrasser la double carrière d'actrice et d'humoriste, comme son père, le professeur Choron (alias Georges Bernier), maître de l'humour et cofondateur de Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Une figure paternelle qui a beaucoup compté dans la définition de sa carrière. 

La fille de son père. "Je crois que j'ai toujours voulu être actrice", confie-t-elle. Mais jeune, elle n'ose pas se l'avouer. Elle pensait le métier difficile d'accès, complexe à atteindre. Il n'y  avait pas autant de chaînes, autant de programmes. "J'ai mis du temps à me décider, en attendant, je rêvais d'être une grande avocate". Une voie qui satisfait son père. "Avec tous ses procès, il était content que je veuille devenir avocate". Mais las, l'envie profonde remonte à la surface. Quand elle annonce son envie de devenir comédienne à son père, il ne dit rien. Elle saura plus tard "qu'il s'était fait un sang d'encre".

Privilégiée. Pourquoi monter sur scène ? Quelle est la vraie raison de cette mise en lumière ? La figure paternelle revient à nouveau. "Parce que j'avais un papa célèbre j'avais envie qu'il me regarde et m'admire, je voulais qu'il voit que j'étais culottée." Ce père ne lui a pas donné de conseils. Mais ses parents sont restés très bienveillants : "Ils m'ont dit : 'Ne fais que ça , ne fais pas serveuse pour payer tes cours, tu auras toujours le gîte et le couvert. Ne te disperse pas.' J'ai été super gâtée", avoue l'humoriste, qui a poursuivi sa carrière avec succès. Son seul regret désormais semble être le fossé qu'il y a "encore en 2016" entre la télévision et le cinéma.

Le "cinéma sectaire". Elle déplore que le cinéma ne s’intéresse pas à elle. "Quand on a 45 ans, on n'est plus la fille qui se fait embrasser. Le laps de temps entre 40 et 60 est très compliqué pour les femmes. Ce n'est plus le rêve, le garçon ne court plus après la fille pour se marier. Après il faut trouver les robes de belle-mère, de mère mais les rôles sont petits. Un homme peut continuer à embrasser des filles jusqu'à 70 ans, il y a une injustice à ce niveau là." Pour elle, le cinéma est plus sectaire, la télé plus populaire. "Des filles comme moi, on ne sait pas où les mettre." Michèle Bernier squatte donc le salon des gens via le petit écran ou les salles de théâtre, avec une nouvelle pièce avec sa fille, Charlotte Gaccio, Je t'ai mis un mot sur le frigo. Une histoire de famille et de liens familiaux. La boucle est bouclée.