"Sexisme Story" : une enquête sur Loana Petrucciani, figure surexposée médiatiquement

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Mathilde Durand
Première gagnante d'une émission de téléréalité en France, le Loft, en 2001, Loana Petrucciani vit depuis sous une pression médiatique constante, dans les bons comme les pires moments de sa vie. Une personnalité fragile, qui compose avec le "jeu médiatique" depuis des années, racontée dans l'enquête sociologique "Sexisme Story", du journaliste Paul Sanfourche.
INTERVIEW

Une figure surmédiatisée, représentative du sort réservé aux femmes dans nos sociétés ? Avec une enquête sociologique baptisée Sexisme Story, publiée aux éditions Seuil, le journaliste d'investigation Paul Sanfourche revient sur la carrière de Loana Petrucciani et la déflagration médiatique Loft Story, première téléréalité française, dont elle sort gagnante en 2001. "Déjà, dans le choix d'Endemol, ils savent ce qu'ils font. Ils ont repéré Loana", raconte le journaliste au micro d'Europe 1, lundi. "Ils savent qu'elle a un potentiel médiatique extraordinaire."

Une figure de bimbo exploitée par la production

De cette personnalité malmenée, les médias ne s'embarrassent pas de communiquer le nom de famille. "C'est significatif de cette chosification dont elle a été l'objet", explique Paul Sanfourche. Pour le public, Loana Petrucciani est d'abord un corps, construit, figure de la bimbo des années 1990, "après des années de matraquage de la presse féminine, de la pub, pour contraindre le corps des femmes", ajoute-t-il.

Lorsque les chargés de casting du Loft repère la jeune femme, alors danseuse à Nice, "ils pensent tout de suite à Marylin Monroe", relate le journaliste. Et le pari est gagnant pour Endemol puisque l'effet sur le public est immédiat. Une médiatisation encouragée par la production avec la diffusion, notamment, de la scène de ses ébats dans une piscine avec un autre candidat, Jean-Edouard. Une diffusion dont les candidats ne seront pas informés. 

Après deux mois d'enfermement, Loana Petrucciani gagne la première édition du Loft et sa vie bascule dans un tourbillon médiatique qui ne cessera jamais. Sa vie est scrutée, son passé fouillé. Elle est stigmatisée après des révélations sur l'abandon de sa fille Mindy à la Dass. Les médias l'enfoncent dans un rôle de "mauvaise mère", qui lui colle à la peau. Son corps est également moqué ou critiqué au fil des années, soit jugé trop sexy dans les années 2000, soit jugé trop gros, après une forte prise de poids ces dernières années. 

Des périodes sombres exposées qui "font parties du jeu" 

"Elle a une vraie connaissance du jeu médiatique et c'est passionnant de l'écouter", confie Paul Sanfourche, qui a pu la rencontrer trois fois pour de longs entretiens. Mais la charge est lourde à porter pour une personnalité fragile. Au fil des années, ses périodes sombres et drames personnels ont fait la une des journaux : addiction à la drogue, tentatives de suicide, violences conjugales... Des sujets dont la quadragénaire accepte de parler en plateau.

Récemment invitée de Cyril Hanouna sur le plateau de "Touche pas à mon poste", elle est revenue notamment sur sa consommation de cocaïne. "Elle a conscience de tous les dangers mais c'est intégré et accepté. Son métier comporte le fait d'accepter que, finalement, quand elle va mal, on s'intéresse aussi à elle, on l'expose par des photos, des articles pas très élogieux, mais pour elle ça fait partie du jeu", ajoute-t-il.

"Loana communique sur ce qu'elle est. La manière dont elle se comporte, c'est ce qu'elle met à l'antenne", explique Paul Sanfourche, confiant que la jeune femme était à la croisée de toutes les luttes actuelles, de la violence conjugale au cyberharcèlement, en passant par le viol, sans toute fois les revendiquer. "Elle reste extrêmement populaire malgré tout."