Pour Elise Lucet, la multiplication des procès envers les journalistes traduit "une volonté d'intimidation de certaines multinationales"

Selon Elise Lucet, ce n'est pas France 2 mais c'est avant tout les boites de production que l'on bâillonne par ricochet.
Selon Elise Lucet, ce n'est pas France 2 mais c'est avant tout les boites de production que l'on bâillonne par ricochet. © Europe 1
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Clémence Olivier , modifié à
La journaliste Elise Lucet, invitée mercredi dans Village Médias sur Europe 1 au lendemain de la relaxe de France 2 dans son procès face à Vincent Bolloré, estime qu'en attaquant de plus en plus les journalistes en justice, les multinationales cherchent à pousser les médias à s'autocensurer.
INTERVIEW

Au lendemain de la relaxe de France 2 et du journaliste Tristan Waleckx, attaqués par Vincent Bolloré pour avoir diffusé un reportage sur sa carrière d'industriel, Elise Lucet a dit son inquiétude de voir se multiplier ce type de procès envers les journalistes. "Il y a clairement une volonté d'intimidation de certaines multinationales, surtout du milieu économique, moins des politiques", dénonce la co-rédactrice en chef de l'émission Cash Investigation au micro de Philippe Vandel, dans Village Médias, sur Europe 1. "On envoie un message à France Télévisions : qu'il n'est pas bien de faire un reportage de fond sur Vincent Bolloré, qu'il n'est pas bien de faire un reportage de fond sur l'Azerbaïdjan et on essaie de nous intimider", dénonce-t-elle.

Vers une autocensure des sociétés de production ? Mais selon Elise Lucet, ce n'est pas France 2 mais c'est avant tout les boites de production que l'on bâillonne par ricochet. "On a la chance à France Télévisions d'avoir un service juridique puissant et d'avoir une assise. Donc on est très correctement défendu. On a notre armée d'avocats", rappelle la journaliste qui se dit également soutenue par la direction du groupe de service public. "Mais avec ces procès, on dit aux sociétés de productions qui sont moins armées que nous, que c'est que si l'on fait un reportage comme celui là , on risque un procès et on risque des dommages et intérêts colossaux et ça les sociétés de productions en ont extrêmement peur car cela peut couler une boite". "Ce qu'on appelle la procédure bâillon", ajoute-t-elle. "Intimider les autres pour que l'autocensure se mette en place".

Pour Tristan Waleckx, les actions en diffamation engagées par Vincent Bolloré contre France 2 et contre lui-même en sont le parfait exemple. "Je n'ai pas l'impression que Vincent Bolloré attaque en espérant gagner mais qu'il est plutôt dans le bluff, dans le coup de communication", pointe-t-il. "Quand il réclame des sommes astronomiques pour dommages et intérêts évidemment c'est un signal envoyé pour tous les autres journalistes".