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Séverine Mermilliod
Netflix, Amazon Prime, Canal, Disney Plus... Les plateformes de vidéo sur abonnement se multiplient et rivalisent pour attirer les spectateurs. Mais comment exister dans ce marché ultra-concurrentiel ? Les journalistes Caroline Bonacossa (Stratégies) et Cyril Lacarrière (L’Opinion) donnent leur point de vue sur Europe 1.

Netflix, Amazon Prime, Canal, Disney Plus... Les plateformes de vidéo sur abonnement se multiplient et rivalisent pour attirer les spectateurs. Les journalistes Caroline Bonacossa (Stratégies) et Cyril Lacarrière (L’Opinion) reviennent sur ce phénomène dans l'émission Culture Médias sur Europe 1. Ils dévoilent comment les groupes, y compris français, tentent d'exister dans ce marché ultra-concurrentiel - et jusqu'à présent totalement dominé par Netflix.

"Tous les grands médias du monde ont envie de se positionner, tout simplement parce qu'il y a du business", constate Caroline Bonacossa. Mais selon elle, c'est plutôt positif pour les téléspectateurs "car l'offre se développe" du fait du challenge entre les entreprises "pour proposer de la qualité". 

Grand public, famille...à chaque plateforme sa spécialité

Pour se démarquer et attirer ces spectateurs volatiles, les plateformes doivent se créer une identité propre. Netflix s'est positionnée dès le départ comme une plateforme grand public. A côté, "Disney veut s'adresser à la famille, son offre n'est pas très chère et englobe tous les grands dessins animés emblématiques, les films Marvel de super-héros, les dessins animés Pixar, Star Wars ...", détaille Cyril Lacarrière. Selon Caroline Bonacossa, le géant vise d'ailleurs 60 à 90 millions d'abonnés d'ici 2024, quand le cap des 20 millions d'abonnés à Disney + a déjà été dépassé, un mois et demi seulement après son lancement. 

Chez Amazon, "après des débuts en France franchement chaotiques" selon le journaliste de l'Opinion, c'est une stratégie de diversification qui a été choisie : l'entreprise de Jeff Bezos "vient de faire une série d'annonces avec la production de deux séries, d'un documentaire sur le rappeur Orelsan et de deux jeux. [...] Elle a également acheté des droits de Roland-Garros."

Le catalogue OCS du bouquet d'Orange, avec 2 à 3 millions d'abonnés, est quant à lui jugé "mal vendu" par Cyril Lacarrière, "alors que le catalogue est assez exceptionnel", grâce à un deal passé avec HBO, LA grande chaîne câblée aux USA qui a notamment produit Game of Thrones.

Entendu sur europe1 :
On attend de voir quelle va être la patte d'Apple

Enfin, Apple TV + "tâtonne dans le monde de la création de contenus audiovisuels", d'après lui. "Une série a fait parler d'elle, The Morning show, mais au-delà de cette série on attend de voir quelle va être la patte d'Apple qui, comme Amazon, n'a pas pour cœur de modèle économique les contenus vidéos."

Quelle place pour la création française ?

Restent les Français : ont-ils une place dans ce marché ? C'est en tout cas ce qu'espèrent les groupes TF1, France télévisions, et M6 qui se réunissent pour former Salto, plateforme dont le lancement est prévu pour le premier trimestre 2020.

"Les fictions françaises font les plus belles audiences de la télé française, donc Salto a un boulevard devant elle, avec une alliance inédite", estime Caroline Bonacossa. Les trois groupes ont d'ailleurs prévu "un investissement de 135 millions d'euros pour de la création exclusive pour la plateforme", et prévoiraient "une version gratuite et une payante", même si les annonces officielles n'ont pas encore eu lieu. 

Canal +, qui produit ses propres séries, a aussi passé des accords avec Netflix et Disney +, une stratégie que la journaliste trouve "intéressante de la part de Canal, qui voit bien que la guerre est un peu inégale".

Pousser le créateur "vers plus de qualité"

"Le modèle classique est en train d'être bouleversé mais les acteurs s'adaptent. Le projet Salto montre une prise de conscience pour essayer de s'allier plutôt que de se faire concurrence", ajoute Cyril Lacarrière. " TF1, avec la série Le bazar de la charité qui a été un énorme carton, a fait un accord gagnant-gagnant avec Netflix : pour TF1 cela permet de faire entrer un acteur américain qui peut donner des moyens, et pour Netflix cela permet d'avoir une série française un peu haut de gamme pour ses abonnés du monde entier".

Si la question de la liberté de création reste ouverte, avec des acteurs super-puissants qui "lissent" les séries pour les adapter au monde entier, il faut selon Caroline Bonacossa surtout voir "l'avantage pour le téléspectateur" de cette concurrence qui "pousse le créateur vers plus de qualité".