Edwy Plenel 1280 5:30
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Au micro d'Europe 1, le fondateur de Mediapart revient lundi sur la mise en place d'un fonds non capitalistique, et à but non lucratif, pour garantir l’indépendance financière du site d'investigation, même en cas de coup dur.
INTERVIEW

Mediapart n’a plus d'actionnaire. Il ne s’agit pas d’une mauvaise nouvelle, loin de là, mais d’une petite révolution dans le monde des médias : le site d’investigation a annoncé avoir sanctuarisé son capital et du même coup son indépendance. "Désormais, il n’y a plus d’actionnaire ; le capital n’est aujourd’hui ni cessible, ni achetable encore moins spéculable", écrit Mediapart sur son site.  

Jusqu’à présent, le capital du site, fondé en 2008, était détenu à 42% par ses quatre fondateurs dont Edwy Plenel, l’ancien patron du journal Le Monde. Le reste appartenant pour partie aux salariés, à une société des "amis" et à deux investisseurs partenaires, Doxa et Eco finance. Ce montage capitalistique est révolu. Le capital de Mediapart a été acquis par une structure non capitalistique et à but non lucratif. "Les fondateurs de Mediapart avait compris que le contrôle du capital par les salariés ne résistait pas en période de crise. En période de crise, ça devient un enjeu de pouvoir, ça devient une bataille", explique lundi au micro de Culture médias, sur Europe 1, Edwy Plenel, l’un des cofondateurs du site web.

"On a trouvé une solution qui rend irréversible l’indépendance de Mediapart. Notre modèle est ce qui existe en Grande-Bretagne, à savoir le trust du Guardian", poursuit l’ancien patron du Monde. "C’est-à-dire qu’il y a un trust dont le rôle est de garantir à perpétuité l’indépendance économique en faisant des réserves, de sorte qu’en période de difficultés, il soit possible d’aider le Guardian pour qu’il conserve son indépendance."

"Nous ne sommes pas à la merci d’une pression"

Désormais, à Mediapart, "il n’y a pas d’actionnaire extérieur susceptible de défendre des intérêts extérieurs au journalisme. Nous ne sommes pas à la merci d’une pression, de quelqu’un qui aurait des intérêts dans la téléphonie mobile, la vente d’armes, la finance…", se félicite Edwy Plenel.

"Mon défi avec Mediapart n’était pas un défi d’investigation, j’avais déjà fait ça au Monde. Mon pari était un pari d’entrepreneur", sourit encore Edwy Plenel. De fait, en neuf ans, Mediapart affiche un taux de rentabilité entre 17% et 18% et compte quelque 170.000 abonnés payants.