Le "roman cosaque" de Macha Méril, une saga aux accents autobiographiques
Invitée de l'émission Culture Médias sur Europe 1, l'actrice et auteure Macha Méril a présenté, lundi, son nouveau livre Vania, Vassia et la fille de Vassia, à paraître jeudi aux éditions Liana Lévi. L'histoire de trois personnages au passé de Cosaques, l'histoire d'une immigration qu'elle a elle-même vécue. Enfin, une histoire qu'elle a écrite en usant de références habiles aux souvenirs de sa propre vie.
"Ce livre dormait en moi depuis longtemps ", sourit Macha Méril . Son nouveau livre Vania, Vassia et la fille de Vassia sort jeudi aux éditions Liana Lévi. Actrice et auteure, elle était, lundi, l'invitée culture de Philippe Vandel sur Europe 1 . L'occasion d'évoquer l'histoire de Sonia, le personnage principal de son roman, qui résonne habilement avec la sienne.
"C’est ma trouvaille littéraire", sourit-elle. "J’ai pensé qu’au lieu de raconter ma propre vie, si je choisissais ce personnage de Sonia, fille de Cosaques - ce qui n'est pas du tout la même chose que ce que j’ai vécu -, ce serait une façon de traverser le siècle et d’enfourner toutes les choses que j’ai vécues moi-même".
Une histoire de Cosaques
"Ce n'est pas un roman russe, mais un roman cosaque", précise Macha Méril, née Maria-Magdalena Vladimirovna Gagarina et issue d'une famille de "Russes blancs" émigrés puis naturalisés Français. Les Cosaques, ce sont ces cavaliers de la Garde impériale de la Russie d'avant 1917, d'avant la révolution, d'avant la guerre civile et la prise de pouvoir des Bolcheviks, qui les ont ensuite chassés de Russie . "Il y avait des communautés dans toute la France, surtout dans les usines à Paris", raconte Macha Méril. "À Boulogne-Billancourt et à côté de Montargis par exemple, où ils étaient 1.000 et avaient créé une petite église orthodoxe", poursuit-elle.
Vania, Vassia et la fille de Vassia, c'est une saga qui va de 1939 à mars 2019. Un roman dans lequel on croise Sacha Guitry, Joseph Kessel ou encore Pierre Mendès France et qui, surtout, retrace l'histoire "d'une immigration silencieuse qui ne fait pas parler d'elle", explique Macha Méril.
"Une réponse à ceux qui me demandent ce que j'ai fait de ma vie"
Un récit en creux duquel s'esquisse tout de même sa propre histoire. Dans ce roman, les trois personnages éponymes sont en quête d'un avenir qui les réconcilie avec leur passé de Cosaques. Un avenir lu, par chacun d'entre eux, sous un angle différent. S'intégrer en France avec un parcours exemplaire, entretenir ses racines russes tout en défendant ardemment la République française, mais aussi reprendre coûte que coûte le combat contre Staline... Trois histoires en une seule. Et une, en particulier, qui rappelle curieusement celle de Macha Méril elle-même.
On y voit alors le personnage de Sonia découvrir le cinéma de La Nouvelle Vague (années 50-60), et en particulier un film, Une femme mariée, de Jean-Luc Godard. Un film adoré du personnage et dont l'actrice principale n'est autre que Macha Méril.
"La jeune actrice, habillée en Courrèges, les cheveux courts coupés par Vidal Sassoon, est d'origine russe, tous ces messieurs étaient autour d'elle, émoustillés de l'avoir vue nue dans le film", peut-on lire dans l'ouvrage. Un passage détaillé par l'auteure au micro d'Europe 1. "C'était à l'occasion d'une projection à Matignon qu'avait organisé Pompidou (alors président de la République, NDLR), personne n'avait aimé ce film, sauf quelques uns", se souvient Macha Méril. "C'est le bilan de notre époque, de ce que nous avons vécu", résume-t-elle.
L'actrice, qui fêtera ses 80 ans cette année dit avoir voulu se servir librement de tout ce qu'elle a accumulé. En souvenirs, en expérience, en vécu. "Ce livre, il est un peu ça", conclue-t-elle. "Ce n'est pas un livre : c'est une réponse à ceux qui me demandent ce que j'ai fait de ma vie."