LCP : un documentaire explore les luttes des agricultrices, "oubliées de la République"

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Héloïse Goy, avec Alexis Patri
La chaîne parlementaire (LCP), canal 13 de la TNT, diffuse mercredi soir "Moi, agricultrice". Un documentaire qui retrace les luttes passées et présentes des femmes agricultrices. Sa réalisatrice Delphine Prunault explique à Europe 1 pourquoi elle s'est saisie de ce sujet très peu connu et encore moins traité.
INTERVIEW

Un agriculteur français sur trois est une agricultrice. Des femmes qui n'ont, jusque très récemment, pas joui des mêmes droits que leurs confrères. Des femmes qui se sont depuis longtemps organisées et mobilisées pour l'égalité. Ce sont ces luttes, passées et présentes, toujours méconnues, que la réalisatrice Delphine Prunault présente dans son documentaire Moi, agricultrice, diffusé mercredi soir sur La chaîne parlementaire (LCP), canal 13 de la TNT. Elle explique à Europe 1 pourquoi elle a voulu donner la parole à ces femmes, âgées de 30 à 90 ans. 

"Un jour, en tombant sur une archive, j'ai découvert une manifestation de 1983 à Saint-Brieuc où un millier de femmes agricultrices demandait un statut pour elles-mêmes. J'ai commencé à m'intéresser aux lois, et je suis allée de surprise en stupéfaction, en découvrant qu'il avait fallu plusieurs décennies pour qu'elles obtiennent un statut social plein et entier, des droits égaux à ceux de leur mari, sans compter un congé maternité égal à celui des femmes salariées qui n'est arrivée qu'en 2019", détaille Delphine Prunault. "Donc j'ai voulu retracer toute cette histoire, considérant qu'elles étaient un peu les oubliées de la République."

"Il y a encore un sexisme ordinaire, ambiant, latent"

Le film raconte l'émancipation de ces "oubliées de la République" à travers les témoignages de plusieurs pionnières qui ont mené ce combat pour sortir de l'invisibilité sociale, politique et professionnelle. Si les agricultrices ont aujourd'hui gagné de nombreux droits, grâce à l'implication de leurs aînées, Delphine Prunault précise qu'il reste encore du chemin à accomplir. 

"Pour les jeunes, et particulièrement les jeunes femmes, la situation reste difficile. Notamment parce qu'elles doivent faire face à la méfiance des banquiers. Elles ont plus de difficulté pour accéder au foncier. Il y a encore un sexisme ordinaire, ambiant, latent", regrette la réalisatrice. "Alors que ces femmes sont par ailleurs vraiment l'avenir de ce secteur indispensable, puisqu'elles représentent 40% à 45% des élèves dans les lycées agricoles. Mais on leur demande encore de prouver plus que les garçons leur légitimité."

Moi agricultrice est diffusé mercredi soir à sur LCP à partir de 20h30.