L'avenir du magazine Ebdo en sursis

Laurent Beccaria, co-fondateur de l'"Ebdo", en septembre 2017.
Laurent Beccaria, co-fondateur de l'"Ebdo", en septembre 2017. © AFP
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avec Soizic Boisard et AFP , modifié à
Trois mois après son lancement, le magazine Ebdo fait face à de graves incertitudes financières.

Fondé par la société Rollin Publications (éditeur de la revue XXI et 6Mois), le magazine Ebdo, lancé il y a trois mois, est en proie à de grandes incertitudes. Les raisons ? Des ventes moins importantes qu'escompté et surtout le retrait d'un de ses principaux investisseurs.

L'affaire Hulot : le coup d'arrêt. L'équipe de la revue XXI a lancé en janvier cet hebdomadaire 100% papier et sans publicité, qui se veut contre la "surinformation, "non-partisan" et "fondé sur les faits". S'il affine sa formule depuis son lancement, Ebdo a surtout surpris dès son cinquième numéro avec sa Une sur Nicolas Hulot. Le magazine révélait que le ministre de la Transition écologique avait fait l'objet d'une plainte pour viol en 2008, classée sans suite pour cause de prescription, et spéculait sur un cas de harcèlement sexuel sur une ex-collaboratrice, bien que l'intéressée ait elle-même démenti.

Nicolas Hulot a porté plainte pour diffamation et cette affaire a surtout fait fuir un investisseur individuel qui devait mettre de l'argent dans le journal, comme l'a expliqué Libération. Suite au retrait de cet investisseur, une augmentation de capital de deux millions d'euros à laquelle devaient souscrire huit personnes morales a été annulée. Et les crédits bancaires de quatre millions d'euros sur lesquels les fondateurs du journal comptaient n'ont pas été débloqués.

Une baisse des ventes. Si le numéro sur "l'affaire Hulot" a été vendu à 30.000 exemplaires, les ventes ont plongé dès les magazines suivants, pour atteindre "entre 8.000 à 10.000", selon son cofondateur Laurent Beccaria. Soit moins de 20.000 exemplaires au total, alors que le journal vise 70.000 abonnés et 20.000 ventes en kiosque fin 2019, pour atteindre l'équilibre financier.

"On refait le business plan depuis un mois. Les hypothèses économiques ont pris une autre figure. On doit retravailler l'ensemble de l'équation économique", a expliqué Laurent Beccaria, qui dirige également les éditions des Arènes. Selon nos informations, la situation est encore plus critique. Le prochain numéro sortira bien vendredi. En revanche, pour la semaine prochaine, c'est l'inconnu.