Lancement d'un observatoire des atteintes à la liberté de la presse en France

© Serge Tenani / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
L'Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse (Ofalp), une association fédérant journalistes, organismes spécialisés et membres de la société civile, a été lancé lundi à Paris. La structure souhaite réunir journalistes et associations afin de produire des rapports sur les atteintes à la liberté d'informer.

L'Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse (Ofalp), une association fédérant journalistes, organismes spécialisés et membres de la société civile, a été lancé lundi à Paris. Créée en novembre 2023 à l'issue des Assises de la presse à Bordeaux, l'association vise à recenser, répertorier et centraliser les données relatives aux entraves à la liberté d'informer et les pressions subies par des journalistes dans l'exercice de leur métier.

Produire des rapports sur les atteintes à la liberté d'informer

"Nous sommes partis d'un sentiment, qui est celui d'une augmentation inquiétante des atteintes à la liberté de la presse", a déclaré Olivier Scaglia, journaliste du quotidien Le Télégramme et membre du bureau de l'association. "C'est pour sortir de ce sentiment diffus que nous avons choisi de rationaliser le suivi de ces atteintes en les qualifiant, en les catégorisant", a expliqué Olivier Scaglia. "En somme, de faire notre travail de journalistes", a ajouté Lucile Berland, journaliste membre du bureau et secrétaire de l'association Informer n'est pas un délit (INPD).

La structure souhaite réunir journalistes et associations afin de produire des rapports sur les atteintes à la liberté d'informer, "réunies sous quatre grandes catégories", explique Cécile Dolman, journaliste et co-présidente de l'Ofalp : "les atteintes juridiques comme les procédures baillons, l'obstruction au travail d'information, les atteintes à l'intégrité physique et morale des journalistes, les censures et les pressions exercées sur les journalistes ou leurs rédactions".

L'indépendance des travaux garantie

L'association se veut ouverte à tous, à quelques exceptions près : les entreprises ne peuvent pas adhérer, y compris celles du secteur de la presse, afin de garantir l'indépendance des travaux. "Le projet s'inspire notamment d'initiatives qui font un travail d'identification et de recensement des entraves à la liberté d'informer, comme les ONG Freedom House aux États-Unis, l'European Centre for Press and Media Freedom (ECPMF) ou le baromètre de la liberté de la presse de l'association Reporters sans frontières (RSF)", membre de l'Ofalp, ajoute Lucile Berland.

L'association a annoncé travailler à un premier rapport annuel sur les atteintes à la liberté d'informer et à développer d'autres actions de plaidoyer et de sensibilisation. Le 13 mars, le Parlement européen a adopté une législation inédite sur la liberté des médias destinée à protéger les journalistes et à lutter contre les ingérences politiques dans les décisions éditoriales. Pendant les négociations, la France notamment avait insisté pour inclure une possibilité d'exception "au nom de la sauvegarde de la sécurité nationale", suscitant l'inquiétude de la profession et des défenseurs de la liberté de la presse.

La portée de ces dérogations a finalement été limitée, et le texte ne mentionne pas la sécurité nationale.