Alain Weill, le PDG d'Altice France.
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Guillaume Perrodeau avec AFP , modifié à
Plusieurs syndicats et la société des journalistes (SDJ) de "L'Express" protestent contre l'annonce d'un plan de suppression de postes au sein de l'hebdomadaire, récemment repris par le patron d'Altice France, Alain Weill.
ON DÉCRYPTE

L'hebdomadaire français L'Express traverse une période difficile. Lundi, la direction a présenté un plan de sauvegarde de l'emploi dans l'entreprise. Plusieurs syndicats et la société des journalistes (SDJ) protestent contre ce plan. Ils accusent le patron d'Altice France qui a récemment repris le titre, Alain Weill, de "sacrifier l'hebdomadaire et ses salariés". Ils lui réclament par ailleurs des engagements pour préserver l'indépendance éditoriale du magazine.

"26 nouvelles suppressions de postes"

Dans un communiqué, l'intersyndicale CFDT-CGT, le Syndicat national des journalistes et la SDJ de L'Express indiquent que les salariés de l'hebdomadaire, réunis ce mardi en assemblée générale, ont rejeté ce Plan de sauvegarde de l'emploi. Ce PSE, s'il est mis en oeuvre, conduirait à "26 nouvelles suppressions de postes (…) au sein de la rédaction", dénoncent ces organisations. Si elles seraient compensées, au moins en partie, par des recrutements dans les équipes chargées des éditions numériques, elles s'ajouteraient au départ de 58 journalistes (dont 40 CDI) qui ont décidé de quitter L'Express après la prise de contrôle d'Alain Weill, en faisant jouer la clause de cession (dispositif de départ en cas de changement d'actionnaire d'un journal).

"Une saignée sans précédent"

"Au total, avec l'arrivée de Alain Weill, la seule équipe du magazine passe de 84 postes à… 46", soulignent les syndicats et la SDJ, dénonçant "une saignée sans précédent" pour le "newsmagazine". En outre, le PSE prévoit le transfert au sein du groupe Altice (ancien propriétaire de l'hebdomadaire) ou la suppression de 40 postes "transverses" dans les services non rédactionnels (administration, marketing…). Ce qui va faire fondre l'effectif total de l'hebdo à 102 salariés, contre 172 avant l'arrivée aux commandes de Alain Weill, précisent ces organisations.

Ambitions et moyens

Alain Weill, PDG d'Altice France (maison mère de SFR et de nombreux médias), a racheté cet été une part majoritaire au capital de L'Express, dont Altice reste l'actionnaire minoritaire. Lors de sa prise de pouvoir, Alain Weill avait affiché ses ambitions : faire de L'Express un The Economist à la française. "On applaudit des deux mains cette ambition, mais il faut des ressources pour faire un journal de cette qualité-là", fait savoir Valérie Lion, rédactrice en chef et représentante de la SDJ de l'hebdomadaire, au micro d'Europe 1. "La prise de contrôle majoritaire par Alain Weill doit être une chance pour L'Express", ajoute-t-elle.

En outre, les syndicats et la SDJ réclament au nouveau patron de L'Express de reprendre à son compte un "accord d'indépendance éditoriale", que le précédent actionnaire, Altice, avait signé en 2015, et qui devait s'appliquer jusqu'en 2025.