"Charlie Hebdo" change ses statuts, pour préparer la relève de Riss

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"Notre génération doit transmettre à la suivante", a indiqué le dessinateur, qui possède 67% du capital du journal. © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP
Dans un entretien au "Monde" vendredi, Riss a expliqué que sa génération devait "transmettre à la suivante". 

Le directeur et codétenteur de Charlie Hebdo, Riss, a modifié les statuts du journal satirique, en vue de faire entrer de nouveaux actionnaires issus de son équipe et pour préparer l'avenir, a-t-il indiqué au quotidien Le Monde.

Au cas où il "arriverait quelque chose". "Notre génération doit transmettre à la suivante", a indiqué le dessinateur, qui possède 67% du capital du journal, les autres parts étant détenues par Eric Portheault, qui a démissionné de son poste de directeur général fin janvier. Si ce dernier n'a pas cédé ses titres, "dans tous les cas, il faut faire entrer de nouvelles personnes au capital", a déclaré Riss au Monde, tant pour assurer la pérennité de sa ligne éditoriale que pour se préparer au cas où il "arriverait quelque chose" à lui-même ou à son coactionnaire.

"Montrer qu'on est cohérents". Dans cette optique, les statuts du journal ont été modifiés, a expliqué le dessinateur. Les revenus (15 millions d'euros) issus de la vague de solidarité après l'attaque djihadiste contre le journal en janvier 2015, ont été placés dans une "réserve statutaire", qui ne pourra pas servir à verser des dividendes, dit-il. "C'est une étape qui va rassurer les salariés, les lecteurs, et montrer qu'on est cohérents", avec les engagements d'ouverture du capital à de nouveaux salariés pris en 2015, a-t-il fait valoir.

Plusieurs départs. L'hebdomadaire satirique avait été la cible d'une attaque djihadiste le 7 janvier 2015, lors de laquelle deux hommes armés avaient exécuté 11 personnes dans les locaux parisiens du journal satirique. Parmi les victimes, des figures emblématiques comme Cabu, Wolinksi, Honoré, Tignous ou l'ex-directeur de la rédaction Charb. Dans la foulée, Charlie avait bénéficié d'une immense vague de solidarité internationale, sous forme de dons et d'abonnements. Mais l'utilisation de cette manne avait nourri des tensions au sein du journal. Plusieurs membres du journal l'ont depuis quitté, en raison de désaccords avec ses dirigeants ou pour des motifs personnels, à l'instar de l'urgentiste Patrick Pelloux qui vient de rejoindre un autre magazine satirique, Siné Mensuel.