Anecdotes, coulisses : les petites histoires du Festival de Cannes

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Guillaume Perrodeau , modifié à
En 68 éditions, le Festival de Cannes a connu son lot d'anecdotes. Europe 1 vous propose de plonger dans les petites histoires de la Croisette, celles qui font toute la particularité de cet événement.

Le Festival de Cannes a ses règles et ses codes. En 68 éditions, l'événement a accumulé des anecdotes. Du fonctionnement du Festival pour les journalistes jusqu'aux règles de désignation des films, retour en quelques lignes sur les petites histoires de la Croisette. Celles qui font toute la particularité de la quinzaine alors que la 69e édition du Festival s'ouvre mercredi. 

Les journalistes en voient de toutes les couleurs. Lorsque les journalistes arrivent le premier jour sur la Croisette, il est, bizarrement, peu question de cinéma. Par contre, vous risquez fort d'entendre des conversations autour des couleurs. "Tu es orange ?"."Non, cette année je suis bleu !". Tout est normal, les journalistes cinéma accrédités pour l'événement viennent seulement de récupérer leur précieux sésame, auréolé d'une couleur spécifique.

A Cannes, tous les journalistes ne sont en effet pas logés à la même enseigne. En fonction de la couleur de votre accréditation dépend votre ordre de priorité dans la file d'attente pour assister aux projections presse. Ainsi, les journalistes badgés roses passeront systématiquement devant ceux badgés jaunes, même si ces derniers font la queue depuis plus longtemps. En tout, cinq couleurs existent, du blanc au jaune.

Voir des films sans accréditation, c'est possible ! Devant le Grand Théâtre Lumière (là où ont lieu les cérémonies de clôture et d'ouverture), il n'est pas rare de croiser des personnes en quête d'une invitation pour assister à une séance, à l'aide de pancarte. Et souvent, les intéressés trouvent le Graal. La raison est simple. Les professionnels (exploitation, distribution, etc.) ont un quota de points avec lequel ils peuvent obtenir et retirer des invitations pour les films. Or, s'ils n’utilisent pas leur réservation en question, ils perdent un nombre important de points, pouvant les condamner pour aller voir d'autres séances.

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Ils ont donc tout intérêt à ce que leur invitation soit utilisée et les professionnels qui ne peuvent pas assister à la séance viennent donc les donner devant le Grand Théâtre Lumière. Cependant attention ! Si vous n'êtes pas badgés (professionnels, cinéphiles ou journalistes), vous devrez trouver quelqu'un d'accrédité qui accepte de dire que vous l'accompagnez, ou sinon, l'accès au Grand Théâtre Lumière vous sera refusé.

Quand le Festival de Cannes change les règles. La sélection officielle n'a pas toujours été assurée par le Festival de Cannes. Avant 1972, il n'y avait pas de comités de sélection pour décider des longs-métrages. Qui choisissait ? Les pays d'origine des films, qui désignaient le long-métrage qui allait les représenter sur la Croisette.

Autre règle qui a évolué, celle concernant les prix remis par le jury. En 1991, Barton Fink, des frères Coen, rafle la Palme d'or, le Prix de la mise en scène et le Prix d'interprétation masculine, pour John Turturro. Gilles Jacob, alors délégué général du Festival, décide de durcir les règles. Dorénavant, un film ne pourra pas avoir plus d'un prix, sauf dérogation exceptionnelle où le Prix d'interprétation pourra être couplé au Prix du jury ou du scénario.

Un Festival mais plusieurs couacs. Cannes et sa Croisette sont remplies d’anecdotes amusantes et insolites. Ainsi, en 1980, la direction de l'événement décide que le Président du jury sera le réalisateur Douglas Sirk. Problème, un assistant comprend mal l'information et sollicite Kirk Douglas pour le poste. Ce dernier finira bien par présider le jury, en lieu et place du réalisateur dannois, initialement choisi.

Les protocoles pour les castings des films sélectionnés sont très importants à Cannes et suivent un déroulé bien précis. En 1983, Isabelle Adjani refuse de se rendre au photo-call avec l'équipe du film L’été meurtrier, prévu dans la journée. Mécontents, les photographes accrédités se vengent le soir même, lors de la montée des marches. Ils posent à terre leur appareil photo et ne prendront aucun cliché de l'actrice sur les marches.


Adjani boudée par les photographespar ina

La même année lors du jour de la remise de la Palme d'or, l'équipe du film Furyo, de Nagisa Ōshima est passée de la joie à la tristesse en un temps record. Une fuite avait en effet annoncé que le précieux sésame reviendrait au film japonais. Les acteurs et le réalisateur commencent à faire la fête. Malheureusement, le film japonais n'étais pas Furyo, mais La Ballade de Narayama, de Shōhei Imamura, bel et bien couronné de la Palme d'or cette année là.