Mathieu Gallet "fend l'armure" devant les députés

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Mickaël Frison
Mercredi matin, Mathieu Gallet s'est expliqué devant la commission des Affaires Culturelles de l'Assemblée Nationale. Le président de Radio France en a profité pour répondre au Canard Enchaîné.

Vingt-et-unième jour de grève à Radio France. Avant de présenter son projet stratégique en Comité Central d'Entreprise, Mathieu Gallet était invité à répondre aux questions de la commission des Affaires Culturelles de l'Assemblée. Après une heure de questions des députés, le président de Radio France a défendu son projet et sa position ("Ce n'est pas la Cour des Comptes qui fait la stratégie"), s'expliquant pour la première fois sur sa personnalité et répondant aux accusations répétées du Canard Enchaîné. 

"On me salit en racontant n'importe quoi". Invité par Patrick Bloche, président de la commission, à "fendre l'armure", Mathieu Gallet n'a pas hésité à s'expliquer devant les députés, tout en restant ferme sur ses décisions. Moment fort de l'audition, le patron de la radio publique a répliqué au Canard Enchaîné, journal à l'origine des révélations sur les coûts de la rénovation du bureau de la présidence de Radio France.

"Depuis quatre semaines, le Canard canarde", a attaqué Mathieu Gallet, reconnaissant qu'il aurait "peut-être dû" différer les travaux de ce bureau qui, il l'a rappelé, "n'est pas [le sien] mais celui du président de Radio France", indiquant qu'il ne "partira pas avec le palissandre". 

Sur la question des consultants auxquels il aurait eu un recours intensif, Mathieu Gallet a défendu la nécessité du consulting et pointé le manque de sérieux des reproches formulés contre lui. "On me salit en racontant n'importe quoi. On a l'impression que j'ai dépensé un million d'euros en consultants coiffure et make-up !", a-t-il dénoncé.

"Je sais dire bonjour". S'exprimant sur la question de sa personnalité, celui qui est décrit dans certains articles comme froid et distant a rejeté toute impolitesse vis-à-vis des salariés. "Je sais dire bonjour, je sais serrer la main". Dans un lapsus, il a confié devoir prendre sa "part de personnalité". 

À la fin de son intervention, Mathieu Gallet n'a pas rejeté la possibilité d'une "intervention extérieure" pour aider à résoudre un conflit dont il assure que sa propre personnalité ne constitue pas le point de crispation : "Le fond ce n'est pas moi, le fond, c'est le modèle économique de Radio France". S'il affirme "comprendre" la colère, Mathieu Gallet a répété l'importance du "grand défi" qui s'impose aux antennes publiques. 

Gallet ne lâchera rien. Face aux députés, M.Gallet a rappelé ses convictions : développer le réseau France Bleu si les moyens le permettent, réaliser une antenne reprenant le meilleur de Radio France à destination des francophones à l'étranger, réclamer plus de fréquences pour FIP, une réflexion sur la contribution à l'audiovisuel public, pas de plan de départ contraint… 

À la réforme du champ de la publicité, le patron de Radio France répond avec la mise en place d'une charte pour sélectionner les annonceurs. Mathieu Gallet qui, sans en dévoiler les chiffres, croit voir dans les audiences intermédiaires fournies par Médiamétrie une première récompense à son action, s'est dit persuadé que les travaux de la Maison Ronde seront encensés beaucoup une fois le chantier terminé.

Au député PS Michel Françaix qui a fait état d'une dotation supplémentaire de 80 millions d'euros, Mathieu Gallet a répondu qu'il n'avait pas connaissance de ce chiffre. Il a ajouté que cette dotation "ne pourra que financer du développement, pas la fin du chantier de la Maison de la radio", en raison de règles européennes. 

"J'ai encore quatre ans de mandat, je ne lâcherai rien par rapport à mes convictions", a martelé Mathieu Gallet à la fin de son intervention. Quelques minutes plus tôt, la CGT Radio-France publiait de son côté un communiqué intitulé "Ne rien lâcher", critiquant "des mots creux" et "des mots qui font mal" dans le plan stratégique présenté mercredi après-midi.

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