Le plan de rachat de Libération validé

Bruno Ledoux s'est engagé à apporter 18 millions d'euros au capital d'ici fin juin.
Bruno Ledoux s'est engagé à apporter 18 millions d'euros au capital d'ici fin juin. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
PRESSE - Le Tribunal de commerce de Paris a accepté le plan de rachat et de renflouement de Bruno Ledoux, actionnaire de Libération. 

L'info. Le Tribunal de commerce de Paris a accepté lundi le plan de rachat et de renflouement de Libération présenté par l'homme d'affaires Bruno Ledoux. Ce dernier s'est engagé à apporter 18 millions d'euros au capital d'ici fin juin, et à lui prêter 4 millions en urgence. Le tribunal a aussi accepté que Bruno Ledoux puisse constituer un tour de table avec d'autres investisseurs pour cette reprise. Il deviendra ainsi seul propriétaire du titre, et aura les mains libres pour appliquer ses projets de réforme, violemment combattus par la rédaction.

Une prochaine "réorganisation". M. Ledoux, qui a toujours souhaité intervenir avec d'autres partenaires, a notamment sollicité ces dernières semaines le patron du groupe Altice et de Numéricable, le milliardaire Patrick Drahi. Ce dernier "a d'autres priorités pour l'instant", a-t-on commenté dans son entourage la semaine dernière, sans écarter cette hypothèse. Dans un bref message aux salariés lundi, le président du directoire de Libération, François Moulias, et le nouveau directeur opérationnel, Pierre Fraidenraich, leur ont annoncé la décision du tribunal et évoqué une prochaine "réorganisation", sans autre détail.

Conflit avec les salariés. M. Ledoux veut lancer une vaste réforme de Libération, s'appuyant sur sa "marque", autour d'un espace culturel, d'un réseau social, réseau social, voire une "Libé TV". Un projet  violemment combattu depuis des semaines par les salariés, qui y voient une grave menace pour les valeurs du journal et l'avenir du quotidien papier. Dans un mail qui avait fuité en février, M. Ledoux avait traité les salariés d'"esprits étriqués", qu'il fallait "ringardiser", ce qui a énormément choqué les salariés. Depuis, ils sont entrés en guerre ouverte contre les projets de M. Ledoux, qu'ils dénoncent quotidiennement dans le journal sous la rubrique "Nous sommes un journal".

"Retrouver une exploitation profitable". Selon les deux hommes, la décision du Tribunal de commerce de Paris assure la pérennité des activités de la SAIP (holding de tête) et de Libération. "Il nous faut à présent repenser l'offre éditoriale de la semaine, nommer les dirigeants qui manquent aujourd'hui dans l'organigramme, réorganiser la société, investir dans les relais de croissance et retrouver une exploitation profitable", poursuivent-ils sans plus de précision. Les représentants des salariés avaient indiqué le mois dernier que la direction avait convoqué un CHSCT (comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail) en vue d'un déménagement de la rédaction.

Ledoux possédait jusqu'ici 26%. En apportant 18 millions au capital, M. Ledoux et ses éventuels alliés posséderont la quasi-totalité du capital. Ni Edouard de Rotschild ni le groupe italien Ersel, les autres coactionnaires, ne souhaitent participer à l'opération. Jusqu'ici Bruno Ledoux, également copropriétaire de l'immeuble qui abrite le siège de Libération, en détenait 26%. Libération a vu ses ventes encore s'effriter en février, avec 89.223 exemplaires, contre 104.614 en février 2013 (-14,7%). Depuis 2009, les ventes en kiosque ont été divisées par deux.

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