Klapisch : "Dur de filmer la danse"

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Amélie Bertrand , modifié à
INTERVIEW – Le réalisateur a suivi à la trace pour la télévision la danseuse Aurélie Dupont.

Cédric Klapisch a mis le cinéma entre parenthèses le temps d’un documentaire diffusé sur France 3, consacré à la danseuse étoile Aurélie Dupont. Pendant plus de trois ans, le cinéaste a suivi la ballerine dans son quotidien. Aurélie Dupont, l’espace d’un instant en est le résultat.

Europe1.fr - Vous n’êtes pas forcément un spécialiste de la danse classique. Quel a été votre première impression en rencontrant les danseurs ?
Cédric Klapisch - On est impressionné par la performance technique, par la beauté. Aurélie Dupont est magnifique, et ce n’est pas qu’une question de plastique, elle « bouge » bien. En la regardant travailler, elle et les autres danseurs, on se dit que tout est parfait. Il n’y a plus qu’à poser la caméra et à filmer. Et puis en passant un peu plus de temps, on s’aperçoit que ça va être beaucoup plus difficile. Comment savoir quoi prendre, quoi filmer, quoi garder ? Comment raconter cette histoire ? Cela pose des vraies questions de cinéma.

Europe1.fr - Qu’y a-t-il de cinématographique dans ce documentaire fait pour la télévision ?
Cédric Klapisch - Le mouvement. Au départ, le cinéma servait d’abord à filmer le mouvement, à le décortiquer, pas à parler. Montrer des gens en mouvement, c’est donc très cinématographique.

Europe1.fr - La danse est facile à filmer ?
Cédric Klapisch - C’est très dur. Je déteste les captations de ballet d’ailleurs. Quand on filme un spectacle vivant, on en fait un spectacle mort. Il faut donc retrouver l’émotion. C’était tout l’enjeu du film et ça me faisait plutôt peur.

"Un film de gestes"

Europe1.fr - Vous restez très en retrait tout au long du documentaire : pas de voix off, pas d’apparition à l’écran…
Cédric Klapisch - A la base, j’étais parti sur le "Voir et être vu", moi par rapport à la danseuse. Et puis je n’ai rien trouvé à dire sur moi. Quand à la voix off, je ne voulais pas en mettre dès le début. Il n’y a rien de pire que de parler sur de la danse. Et je voulais réapprendre au spectateur à voir un film sans parole, un film avec des gestes.

Europe1.fr - Après la télévision, vous avez envie de faire un film sur la danse ?
Cédric Klapisch - C’est un thème qui est sous-jacent dans pas mal de mes longs-métrages : le personnage de la ballerine dans Les poupées Russes, ou de Pierre (ndlr : Romain Duris) dans Paris. Ça me donne vraiment envie de faire un film sur la danse, comédie musicale ou fiction, je ne sais pas encore.

Aurélie Dupont l’espace d’un instant, diffusé sur France 3 mardi 2 mars à 22h40.