La matière première était gigantesque, le travail de sélection fut intense : les jeunes journalistes de la revue Zola, à paraître, ont exhumé 75 ans d'archives du Monde, avec trois millions d'articles, pour en extraire seulement une trentaine, réunis au sein d'un coffret compilant quatre petits livres, Les Trésors cachés du Monde (éditions Allary, 29,90 euros). Antoine Corlay, journaliste de la revue Zola, et la grand reporter Florence Aubenas sont venus sur le plateau de Culture médias, jeudi matin, pour évoquer au micro de Philippe Vandel le travail colossal qu'ils ont réalisé.
Les rôles inversés
L'idée originelle émane de ce collectif de journalistes âgés de 25 à 27 ans, qui misent sur un "journalisme littéraire", avec l'envie de "romancer l'actualité et lui proposer de la profondeur", raconte Antoine Corlay. D'où leur objectif de bâtir "une revue avec de longs reportages sur des sujets de société laissant la place à un style littéraire assez affûté".
" Quand un jeune vient vous voir en vous disant 'je veux me lancer là-dedans dans la presse écrite', on a évidemment envie de les embrasser "
"Le contexte actuel (de la presse) n'est pas si réjouissant", concède Florence Aubenas. "Alors, quand un jeune vient vous voir en vous disant 'j'adore la presse écrite, et je veux me lancer là-dedans', on a évidemment envie de les embrasser. On s'est demandé quel projet on pouvait faire ensemble. Et plutôt que de les étouffer, en leur montrant ce qu'on fait, nous, on a inversé les rôles pour leur demander ce qu'ils en pensaient."
Des sujets "qui parlent"
Les jeunes journalistes ont donc fouillé des archives dantesques, riches de trois millions de "papiers", pour en compiler une trentaine dans quatre petits livres pour autant de thèmes : l'argent, l'espoir, la Terre et le peuple. Côté critères, "il fallait une certaine longueur, avec un certain style, et qu'il 'parle', qu'il ait un écho". Voilà pour le fond. Et la forme ? "Un logiciel permet de chercher par mots-clés, par auteur. On a cherché des sujets au hasard, comme les glaciers ou les bidonvilles", répond Antoine Corlay.