L'ESSENTIEL - Le parlement de Hong Kong occupé plusieurs heures par des manifestants

Les contestataires avaient pris la fuite quand, juste après minuit, les policiers ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes aux abords du bâtiment.
Les contestataires avaient pris la fuite quand, juste après minuit, les policiers ont chargé et tiré des gaz lacrymogènes aux abords du bâtiment. © VIVEK PRAKASH / AFP
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avec AFP , modifié à
À l'occasion de l'anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, des manifestants ont pénétré dans le Parlement local, lundi, y déployant le drapeau colonial britannique. La police en a finalement repris le contrôle dans la soirée.

Le parlement de Hong Kong a été envahi lundi durant plusieurs heures par des manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin, qui ont déployé le drapeau de l'époque coloniale britannique au jour anniversaire de la rétrocession de l'île à la Chine en 1997. Dans la nuit de lundi à mardi, la police anti-émeute a finalement repris le contrôle du parlement local.

Les principales informations à retenir :

  • Au jour de l'anniversaire de la rétrocession à la Chine, plusieurs dizaines de manifestants ont pénétré de force dans l'enceinte du Parlement
  • Ils y ont notamment déployé le drapeau colonial britannique
  • Dans la soirée, la police a finalement repris le contrôle des lieux

Un siège de plusieurs heures

Lundi soir, des manifestants hostiles au gouvernement de Hong Kong ont déployé le drapeau aux couleurs britanniques à la tribune du Conseil législatif (LegCo), le parlement local, où ils étaient entrés par dizaines, casqués et masqués, après avoir brisé à l'aide de barres de fer et d'autres instruments de fortune les baies vitrées blindées dont ils faisaient le siège depuis des heures.

Chariot en fer rempli d'objets divers, barres métalliques, pinces gigantesques, les manifestants ont fait feu de tout bois pour abattre les portes vitrées du bâtiment, pour finir après six heures de coups de boutoir par faire irruption dans l'hémicycle.

Là, ils ont déployé le drapeau de l'ancienne puissance coloniale britannique, arraché les portraits des dirigeants de la mégapole et maculé les murs de graffiti à la peinture noire. "Il n'y a pas d'émeutiers violents, juste de la tyrannie", pouvait-on aussi lire sur une banderole déployée par les protestataires. 

Des affrontements avec la police

Les forces de l'ordre se trouvant à l'intérieur du Parlement avaient auparavant fait usage de gaz poivre pour les repousser, avant de se replier sous la pression de la foule. Mais dans la soirée, la police anti-émeute a repris le contrôle du Parlement, après avoir tiré du gaz lacrymogène et chargé des manifestants, selon des images de télévision. "En cas d'obstruction ou si une résistance lui est opposée, la police fera usage de la force nécessaire", avait déclaré plus tôt un porte-parole dans une vidéo diffusée sur la page Facebook des forces de l'ordre. 

Peu avant la traditionnelle cérémonie de lever des drapeaux chinois et hongkongais qui marque l'anniversaire de la rétrocession du 1er juillet 1997, des contestataires avaient aussi été chargés par les policiers. Les forces de l'ordre avaient fait usage de leurs matraques et de gaz poivre. Une manifestante saignait de la tête, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Pékin dénonce "l'extrême violence" des manifestants, Londres exprime son soutien

Le gouvernement pro-Pékin de Hong Kong a dénoncé l'"extrême violence" de l'intrusion des manifestants dans le parlement. "Les protestataires radicaux sont entrés en force avec une extrême violence dans le complexe du Conseil législatif", a estimé le gouvernement local dans un communiqué, qualifiant de "tels actes de violence" d'"inacceptables pour la société".

Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a quant à lui exprimé le "soutien indéfectible" de son pays à "Hong Kong et à ses libertés en ce jour anniversaire" de la rétrocession de ce territoire à la Chine. "Aucune violence n'est acceptable mais HK DOIT préserver le droit à des manifestations pacifiques dans le cadre de la loi, comme l'ont montré des centaines de milliers de gens courageux aujourd'hui", a-t-il ajouté sur Twitter.

L'Union européenne, enfin, a appelé à "éviter l'escalade" et à ce que s'instaure un dialogue à Hong Kong. "Les actions d'aujourd'hui d'un petit nombre de personnes (...) ne sont pas représentatives de la grande majorité des manifestants, qui ont été pacifiques" jusqu'alors, a aussi écrit dans un communiqué une porte-parole de la cheffe de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini.

Les militants déterminés à continuer

Avec ces scènes de violence, la grave crise qui secoue l'île depuis trois semaines franchit encore un palier. La contestation a éclaté en réaction à un projet de loi du gouvernement visant à autoriser les extraditions en Chine continentale. Le texte, désormais suspendu, a précipité des foules immenses dans les rues, jusqu'à deux millions le 16 juin selon les organisateurs, sur une population totale de 7 millions d'habitants.

Le mouvement de protestation s'est aussi élargi à une dénonciation généralisée de l'action d'un gouvernement auquel ils ne font plus confiance. Les manifestants exigent ainsi la démission de la cheffe du gouvernement Carrie Lam ainsi que la fin des poursuites contre les protestataires arrêtés ces dernières semaines. Les militants, pour la plupart des jeunes étudiants, se sont juré de continuer leur campagne de désobéissance civile. 

Dimanche, des dizaines de milliers de partisans du gouvernement avaient manifesté pour soutenir la police, illustration des profonds clivages qui traversent la société hongkongaise.