Volodymyr Zelensky assemblée nationale 1:43
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avec AFP , modifié à
Face aux députés et sénateurs français, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir "la machine de guerre" russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir "la machine de guerre" russe et à quitter ce pays, citant Renault, Auchan et Leroy Merlin. "Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe. Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres, ils doivent cesser d'être les sponsors de la machine de guerre de la Russie", a-t-il déclaré dans une allocution retransmise en visioconférence devant les députés et sénateurs français.

Les entreprises "doivent arrêter de financer le meurtre d'enfants"

"(Ces entreprises) doivent arrêter de financer le meurtre d'enfants et de femmes, le viol", a-t-il martelé. "Tout le monde va se rappeler que les valeurs valent plus que les bénéfices", a-t-il averti. L'enseigne de bricolage Leroy Merlin, très implantée en Russie, son deuxième marché derrière la France, revendique 36.000 salariés dans ce pays, qui opèrent dans 107 hypermarchés et 62 villes. Des salariés de la branche ukrainienne de Leroy Merlin ont demandé lundi à l'enseigne de cesser ses activités en Russie après le bombardement d'un magasin du groupe à Kiev.

La chaîne de magasins Auchan est également emblématique de la grande distribution en Russie, où elle exploite 231 magasins pour un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros, soit plus de 10% de son activité globale. D'autres enseignes internationales emblématiques comme le suédois Ikea et la chaîne de restauration rapide McDonald's ont en revanche suspendu leurs opérations en Russie en réaction à l'invasion de l'Ukraine.

La Russie, deuxième marché du groupe Renault dans le monde

La Russie est aussi le deuxième marché du groupe automobile Renault dans le monde derrière l'Europe. Le fabricant français est présent via le groupe AvtoVAZ, qui a stoppé une partie de sa production à la mi-mars en raison d'une pénurie de composants liée aux sanctions occidentales infligées à la Russie. Renault est d'autant plus exposé qu'il est associé en Russie avec le conglomérat public russe Rostec, dirigé par Sergueï Tchémézov, un allié de Vladimir Poutine.

Le groupe français TotalEnergies, également critiqué pour son maintien en Russie, a quelque peu pris ses distances mardi avec ce pays stratégique en annonçant renoncer à tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes, au plus tard à la fin de l'année.

Les entreprises restent muettes

Quelques heures après les déclarations de Volodymyr Zelensky, du côté des entreprises, c'est silence radio, le malaise est clairement palpable. La seule à s'être exprimée pour l'heure, c'est Leroy Merlin qui maintient sa présence en Russie et qui ne cache pas qu'elle assume là une décision difficile. L'enseigne invoque notamment sa responsabilité à l'égard de ses 45.000 salariés sur place. "Nous n'avons pas de raison de condamner nos équipes russes pour une guerre qu'elles n'ont pas choisie", analyse-t-il. Par ailleurs, le groupe qu'une fermeture de ses magasins en Russie ouvrirait la voie à une expropriation, ce qui renforcerait, dit-il, les moyens financiers du pays de Vladimir Poutine.

Et c'est tout l'enjeu pour les entreprises françaises. C'est d'ailleurs pour ça que la plupart d'entre elles restent murées dans le silence depuis le début de la guerre. Si elles quittent la Russie, elles doivent tout laisser sur place : usines, bureaux, stocks. Autant d'argent investi qui partiraient en fumée et qui pourrait bien revenir dans les mains de l'État russe.

Vladimir Poutine a clairement menacé de nommer des administrateurs pour remettre la production en marche dans les entreprises désertes.