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Yanis Darras , modifié à
Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM et auteur de "Tu ne tueras point" aux éditions Fayard, était l'invité de La Grande interview Europe 1-CNews ce mardi matin. Au micro de Sonia Mabrouk, il est revenu sur la position de plus en plus isolée de l'Occident sur la scène internationale. 

"Rien ne doit être exclu". Lors de la conférence organisée par le président Emmanuel Macron et réunissant les pays soutenant l'Ukraine dans sa guerre face à la Russie, le président de la République n'a pas exclu l'envoi de troupes occidentales à l'avenir sur le front. "Nous ferons tout pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre", a-t-il poursuivi, le chef de l'État disant "assumer" une "ambiguïté stratégique"

Un conflit clone de la guerre entre les deux Corées

"La question n'a jamais été les troupes mais celle des munitions", s'exclame pour sa part Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM. Invité ce mardi matin sur le plateau de La Grande interview, l'auteur de "Tu ne tueras point" aux éditions Fayard, regrette que les soutiens de Kiev n'arrivent pas à fournir de munitions. "Nous n'en avons pas et nous n'en enverrons pas puisque nous n'avons pas encore relancé suffisamment le circuit de munitions."

"Le taux de consommation des équipements militaires et 4 à 5 fois supérieur que le taux de production. Nous venons de liquider l'intégralité des stocks", poursuit-il, comparant désormais le conflit russo-ukrainien à celui qui existant entre les deux Corées. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, seulement 30% du "million d'obus que l'UE a promis" ont été livrés. 

"Nous avons désarmé toute notre souveraineté"

Deux ans après le retour de la guerre sur le sol européen, Alain Bauer estime que nous sommes rentrés dans le temps de "la guerre des empires. Nous avons réveillé de vieux empires qui avaient été dominés et domestiqués par l'Occident. Et l'Occident n'a jamais été aussi faible et aussi isolé. Il a perdu le sud et le golfe Persique. Il a perdu aussi l'Afrique, l'Amérique du Sud. Il lui reste fort heureusement un élément majeur qui explique le Sud global n'existe pas vraiment, c'est le conflit Inde-Chine. Cela nous a permis d'avoir l'Inde de notre côté, et la Chine plutôt du côté des Russes".

Avant de conclure : "Nous sommes en train d'avoir une reconfiguration. (...) Or, l'Europe est celle qui s'est désarmée. Elle s'est désarmée parce qu'elle a cru à un Erasmus géant où il y avait grosso modo des touristes et des étudiants. Nous avons désarmé toute notre souveraineté industrielle, notre souveraineté économique, notre souveraineté militaire et du coup, nous avons une crise sécuritaire qui vient se rajouter à toutes les autres", dresse Alain Bauer.