Ukraine : le Conseil de sécurité vote une résolution condamnant les "référendums" ce vendredi

Le Conseil de sécurité votera ce vendredi une résolution condamnant les "référendums" en Ukraine.
Le Conseil de sécurité votera ce vendredi une résolution condamnant les "référendums" en Ukraine. © AFP
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Europe 1 avec AFP
Après l'organisation de "référendums" par la Russie dans le cadre de l'annexion de quatre régions en Ukraine, le Conseil de sécurité de l'ONU votera ce vendredi une résolution pour les condamnés. Le texte prévoit également de réclamer le retrait des troupes russes. Peu de chances en revanche que le texte soit adopté, la Russie devrait imposer son droit de véto. 

Le Conseil de sécurité de l'ONU votera vendredi sur une résolution condamnant les "référendums" d'annexion de plusieurs régions ukrainiennes et réclamant le retrait des troupes russes, texte qui n'a aucune chance d'être adopté en raison du droit de véto russe. La réunion aura lieu vendredi à 15H00 (19H00 GMT), avant une autre discussion prévue sur les fuites découvertes sur les gazoducs Nord Stream en mer Baltique, a précisé la présidence française du Conseil.

Le projet de texte vu par l'AFP "condamne l'organisation par la Fédération de Russie de soi-disant référendums illégaux" dans les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia, et juge qu'ils ne peuvent avoir "aucune validité" ni "servir de base à une altération du statut de ces régions", "y compris toute prétendue annexion" par la Russie. Le projet de résolution préparée par les Etats-Unis et l'Albanie appelle tous les Etats et autres organisations "à ne pas reconnaître une prétendue annexion" des quatre régions par la Russie.

"Pas la place dans le monde moderne"

Il exige également que Moscou "cesse immédiatement" son invasion de l'Ukraine et "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du pays. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a lui dénoncé sans équivoque jeudi l'imminence des annexions russes, estimant qu'elles n'ont "pas de place dans le monde moderne". Si le véto russe ne fait pas de doute lors du vote de vendredi, c'est surtout la position de la Chine, parfois accusée par les Occidentaux d'être trop conciliante avec la Russie, qui sera examinée avec attention. Pékin, officiellement neutre, a répété cette semaine son appel au respect de l'intégrité territoriale "de tous les pays". La position de l'Inde sera également suivie de près.

Les deux pays s'étaient abstenus en février au lendemain de l'invasion russe, lorsque la Russie avait mis son véto au Conseil à une résolution dénonçant son "agression" de l'Ukraine. En annonçant cette résolution mardi, l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield avait anticipé l'utilisation du véto de la Russie "pour se protéger". "Alors nous nous tournerons vers l'Assemblée générale pour envoyer un message sans ambiguïté à Moscou", avait-elle promis.

Trop d'attention sur l'Ukraine ?

Ce vote ultérieur à l'Assemblée générale, où aucun des 193 Etats membres n'a de véto, permettra d'évaluer le degré d'isolement de la Russie, alors que certains pays en développement s'agacent que l'Occident concentre toute son attention sur l'Ukraine. Les Occidentaux sont "relativement confiants d'obtenir un fort soutien pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'Assemblée générale", a indiqué à l'AFP Richard Gowan, analyste au sein de l'ONG International Crisis Group. "Beaucoup de pays commençaient à retirer leur soutien à l'Ukraine (...) mais en mettant l'annexion et l'intégrité territoriale sur la table (Vladimir) Poutine va forcer nombre d'Etats hésitants à revenir dans le camp de l'Ukraine", notamment certains Etats africains, a-t-il ajouté, estimant que le président russe avait fait une "erreur diplomatique fondamentale".

Au printemps, l'Assemblée générale avait voté trois résolutions concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la troisième fin avril s'étant traduit par un effritement de l'unité internationale face à Moscou. Le 2 mars, lors d'un premier vote historique, 141 pays avaient condamné l'invasion russe, 5 pays votant contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée), 35 s'abstenant. Le 24 mars, l'Assemblée avait réclamé un accès humanitaire sans entrave et la protection des civils en Ukraine: 140 voix pour, cinq contre (les cinq mêmes) et 38 pays avaient choisi l'abstention.

Le 7 avril, seulement 93 pays avaient soutenu la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, 24 votant contre, et 58 s'abstenant.