Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 755e jour de l'invasion russe

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avec AFP / Crédits photo : Frederic Petry / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Au 755e jour de l'invasion russe de l'Ukraine, au moins quatre personnes ont été tuées et sept autres blessées dans une frappe russe en pleine journée. En parallèle, trois civils ont été tués dans des bombardements "massifs" dans la région russe de Belgorod, a affirmé le gouverneur local. Europe 1 fait le point.
L'ESSENTIEL

L'Ukraine et la Russie ont fait état mercredi de frappes ayant provoqué la mort de plusieurs civils de chaque côté de leur frontière commune, où les bombardements se sont multipliés ces derniers temps, poussant Vladimir Poutine à promettre d'assurer la "sécurité" dans les régions russes visées. Dans l'une d'elles, celle de Belgorod, trois personnes sont mortes et quatre ont été blessées dans une série de bombardements, particulièrement "massifs" dans un des districts frontaliers, a déclaré le gouverneur local Viatcheslav Gladkov.

Les principales informations :

  • En Ukraine, au moins quatre personnes ont été tuées et sept blessées dans une frappe russe en pleine journée sur Kharkiv, la deuxième ville du pays
  • En Russie, dans la région de Belgorod, trois personnes sont mortes et quatre ont été blessées dans une série de bombardements
  • La Russie menace l'UE de "poursuites sur des décennies" en cas d'utilisation de ses avoirs gelés

Quatre personnes tuées et sept blessées dans une frappe russe

A quelque 70 km de là, en Ukraine, au moins quatre personnes ont été tuées et sept blessées dans une frappe russe en pleine journée sur Kharkiv, la deuxième ville du pays, a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Le bilan risque de s'alourdir car une "dizaine de personnes pourraient être piégées dans les décombres", avait-il averti plus tôt à la télévision, relevant que, "selon les premières estimations, il s'agissait d'un missile de croisière". Un corps a pu être dégagé et deux autres dépouilles restaient bloquées sous les gravats, a poursuivi Oleg Synegoubov, d'après lequel deux blessés se trouvent dans un état grave.

C'est un site industriel qui abritait "une imprimerie", une installation de production de meubles et de peinture qui a été touché, a signalé Serguï Bolvinov, un haut responsable local de la police. "Les opérations de secours se poursuivent" et les pompiers essaient de maîtriser l'incendie, a-t-il raconté. Selon les services d'urgence, le feu s'est propagé sur "plus de 2.000 mètres carrés". Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière avec la Russie, Kharkiv, qui comptait environ 1,5 million d'habitants avant l'invasion russe il y a deux ans, est régulièrement bombardée par l'armée russe.

Incursions armées

Dans la région russe de Belgorod, deux civils ont été tués et deux autres blessés près du village de Graïvoron, a affirmé Viatcheslav Gladkov, évoquant un district frontalier cible d'attaques aériennes et d'incursions terrestres de groupes armés en provenance d'Ukraine. Depuis mercredi matin, la zone subit "des bombardements massifs", en particulier à partir de lance-roquettes multiples, a-t-il dit. Plus tôt, le gouverneur avait fait état de la mort d'un civil à Belgorod, le chef-lieu de la région du même nom, précisant que deux autres avaient été blessés, dont une adolescente de 17 ans. Des bâtiments d'habitation, une école et deux maternelles ont également été endommagés, selon lui.

Aucun élève ou professeur ne s'y trouvait, les autorités régionales ayant décidé cette semaine de fermer à titre provisoire les établissements scolaires des zones frontalières face au risque de frappes. Viatcheslav Gladkov avait également annoncé mardi soir que des points de contrôle seraient installés à l'entrée de plusieurs villages très proches de l'Ukraine, théâtres d'incursions armées ces dernières semaines. Ces tentatives d'infiltration à partir du territoire ukrainien, que l'armée russe dit repousser, sont effectuées par des groupes se présentant comme des combattants russes alliés à Kiev et opposés à Vladimir Poutine.

"Assurer la sécurité"

La zone où des points de contrôle seront mis en place, autour du village de Kozinka, est celle où les "actions les plus actives" ont été menées par ces groupes, a expliqué le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Pendant l'élection présidentielle russe, la semaine dernière, "des combattants ukrainiens ont tenté de s'emparer de localités dans les régions de Belgorod et de Koursk", a-t-il dit. En parallèle, la région de Belgorod a été la proie de très nombreuses attaques aériennes imputées à l'Ukraine.

Kiev, confronté à l'offensive russe depuis deux ans, avait promis de porter les combats sur le sol russe en représailles aux nombreux bombardements sur le territoire ukrainien. De son côté, Vladimir Poutine, qui vient d'être reconduit dans ses fonctions, a promis mercredi d'"assurer la sécurité" des habitants des régions frontalières, dont celle de Belgorod, saluant leur "courage". "Nous pourrions bien sûr répliquer en frappant les infrastructures civiles (en Ukraine) mais nous avons nos principes", a-t-il lancé au cours d'une réception au Kremlin. La Russie nie toujours viser des cibles civiles en Ukraine, même si des villes comme Marioupol et Bakhmout ont été dévastées depuis le début du conflit. "La victoire à l'élection n'est qu'un prologue aux victoires à venir", a encore déclaré le président russe.

La Russie menace l'UE de "poursuites sur des décennies" en cas d'utilisation de ses avoirs gelés

La Russie a menacé mercredi l'Union européenne de lui intenter des poursuites judiciaires "sur des décennies" en cas d'utilisation des revenus de ses avoirs gelés au profit de l'Ukraine, ce qui s'apparenterait selon Moscou à un "vol". L'UE doit présenter mercredi un plan visant à saisir ces revenus afin de financer l'achat d'armes en faveur de Kiev, qui devra être discuté pendant un sommet des Vingt-Sept jeudi et vendredi. "Les Européens doivent être bien conscients des dégâts que de telles décisions pourront causer à leur économie, leur image, leur réputation de garants fiables de l'inviolabilité de la propriété", a averti devant la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Les personnes, les Etats, qui seront impliqués dans la prise de telles décisions, deviendront naturellement l'objet de poursuites pendant de nombreuses décennies", a-t-il ajouté.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dénoncé une initiative qui s'apparente à du "banditisme" et du "vol". "Ces actions constituent une violation flagrante et sans précédent des normes internationales fondamentales", a-t-elle affirmé, promettant une réplique de Moscou. Selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, les avoirs russes gelés dans l'UE atteignent un montant de 200 milliards d'euros et permettraient de dégager "trois milliards d'euros par an" pour le financement d'achats d'armes pour l'Ukraine.

La proposition prévoit que 90% des revenus saisis seront destinés à la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui finance des achats d'armes. Les 10% restants seront versés au budget de l'UE pour "renforcer les capacités de l'industrie de défense ukrainienne.