Dix-huit personnes ont été tuées dans une triple frappe russe mercredi à Tcherniguiv, une grande ville du nord de l'Ukraine, selon un nouveau décompte publié jeudi, le président Volodymyr Zelensky déplorant une nouvelle fois le manque d'aide des Occidentaux. Dans la soirée, la Chambre américaine des représentants a annoncé qu'elle voterait samedi sur une enveloppe de 61 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, principalement militaire, à laquelle le président Joe Biden s'est dit "très favorable".
20 immeubles d'habitation endommagés
À Tcherniguiv, où des images officielles montraient des mares de sang sur les lieux du drame, Olga Samoïlenko, une habitante, a raconté à l'AFP comment elle s'était réfugiée avec ses enfants dans le couloir de leur immeuble pour se protéger, lorsque le premier missile a explosé, mercredi matin. "Nos voisins étaient déjà là. Nous avons commencé à crier pour que tous se mettent à terre. C'est ce qu'ils ont fait. Il y a eu deux autres explosions. Nous avons alors couru jusqu'au parking", a dit cette femme de 33 ans.
Selon un nouveau bilan des Services d'urgence jeudi matin, 18 personnes ont été tuées et 77 blessées, dont quatre enfants. Selon les autorités, des infrastructures sociales, une institution d'éducation, un hôpital et vingt immeubles d'habitation ont été endommagés.
Des journalistes de l'AFP sur place ont vu un corps en train d'être extrait des décombres ainsi que le bâtiment le plus touché, un hôtel de huit étages, dont des parties entières sont complètement détruites. De nombreuses ambulances et des camions de pompiers étaient visibles sur les lieux, ainsi que des tentes dressées par la police et les sauveteurs. Des voitures garées près de l'épicentre avaient leur pare-brise détruit.
L'Ukraine n'a pas assez de systèmes de défense antiaérienne
M. Zelensky a souligné que l'Ukraine n'avait pas assez de systèmes de défense antiaérienne pour empêcher cette frappe, sans doute la plus meurtrière contre cette cité historique située à une soixantaine de kilomètres de la frontière avec le Bélarus, un allié de la Russie, et à une centaine de kilomètres au nord du Kiev. "Cela ne serait pas arrivé si l'Ukraine avait reçu suffisamment d'équipements de défense antiaérienne et si la détermination du monde à résister à la terreur russe avait été suffisante", a martelé le président ukrainien sur Telegram. La ville avait été lourdement bombardée par l'armée russe au début de son offensive et une partie de la région avait été occupée pendant plusieurs semaines.
L'aide occidentale, en particulier américaine, s'essoufflant, l'Ukraine fait face à un manque croissant de moyens pour intercepter ces engins. Les réticences des alliés ont particulièrement frustré Kiev après une attaque aérienne iranienne massive contre Israël ce week-end, repoussée avec succès en particulier grâce au soutien militaire occidental.
>> LIRE AUSSI - Ukraine : Volodymyr Zelensky promulgue la loi controversée sur la mobilisation militaire
Pour Volodymyr Zelensky, l'Ukraine devrait bénéficier de la même protection qu'Israël
S'adressant au Conseil européen mercredi soir par visioconférence, le président ukrainien a déclaré que l'Ukraine devait bénéficier de la même protection qu'Israël contre les attaques aériennes et a de nouveau réclamé des systèmes de défense aérienne. "Ici en Ukraine, dans notre partie de l'Europe, nous n'avons malheureusement pas le niveau de défense que nous avons vu récemment au Moyen-Orient", a regretté Volodymyr Zelensky, selon un communiqué publié sur son site internet. "Notre ciel ukrainien, le ciel de nos voisins mérite le même niveau de défense", a-t-il insisté. "Toutes les vies ont la même valeur".
À Washington, Joe Biden a salué le vote programmé samedi au Congrès, après des mois de blocage politique, sur une nouvelle aide massive à l'Ukraine. "Je signerai immédiatement cette loi pour envoyer un message au monde : 'Nous sommes aux côtés de nos amis et nous ne laisserons pas l'Iran ou la Russie réussir'", a-t-il déclaré, cité dans un communiqué de la Maison Blanche.
Base russe attaquée en Crimée
Côté russe, des blogueurs militaires et des médias ont pour leur part fait état d'une frappe ukrainienne dans la nuit de mardi à mercredi sur la base militaire russe de Djankoï, dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par Moscou en 2014. Des vidéos présumées de l'attaque, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent d'impressionnantes explosions au milieu de la nuit.
Selon le compte Telegram Rybar, proche de l'armée russe et suivi par plus d'un million de personnes, 12 missiles tactiques ATACMS livrés à Kiev par les Etats-Unis pourraient avoir touché cette cible, endommageant des équipements et un bâtiment. Kiev et Moscou n'ont pour l'heure pas fait officiellement de commentaires.
Enfin, fournissant une nouvelle estimation a minima des pertes russes, le site internet russe indépendant Mediazona et le service russe de la BBC ont dit avoir nommément identifié, à partir d'informations publiques, plus de 50.000 soldats russes tués depuis le début il y a deux ans de l'offensive contre l'Ukraine. La partie russe ne communique pas ses pertes. De son côté, Volodymyr Zelensky a admis en février la mort de 31.000 militaires ukrainiens.