Oignons 1:50
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Caroline Baudry (en Turquie) / Crédits photo : BURAK KARA / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP , modifié à
La Turquie se prépare à voter, ce dimanche 14 mai, pour élire, potentiellement, le successeur de Recep Tayyip Erdogan ou le reconduire à son poste. Après vingt années passées à la tête du pouvoir, le scrutin prend presque la forme d'un référendum "pour ou contre Erdoğan". Deux jours avant le premier tour de l’élection, le pays est suspendu au cours de l’oignon.

Pour ou contre Recep Tayyip Erdogan ? Ce vendredi 12 mai, nous sommes à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle en Turquie qui a l’allure d’un référendum. Le dirigeant turc affronte pour la première fois une opposition unie après 20 ans au pouvoir. Face à lui, trois prétendants, dont son principal Kemal Kiliçdaroglu, à la tête depuis 2010 du parti républicain du peuple, le CHP (fondé en 1923 par le père de la Turquie moderne). Kemal Kiliçdaroglu qui est le candidat d’une alliance de six partis d’opposition. 

"On ne se nourrit pas correctement"

Le scrutin s’annonce extrêmement serré, alors que le pays traverse une crise économique profonde. L'inflation en Turquie est la quatrième plus élevée au monde, derrière le Venezuela, le Zimbabwe et l'Argentine. Une inflation qui avait même dépassé 85 % en octobre, au plus haut depuis un quart de siècle. Le coût de la vie est l’une des préoccupations premières de l’opposition. Les 80 millions de personnes vivant sur le territoire turc vivent avec une inflation à trois chiffres sur les produits alimentaires et une chute vertigineuse de leur pouvoir d’achat. 

Yalda, une Turque, compte désormais les oignons qu’elle achète à l’unité alors qu’elles les achetaient par kilo auparavant. "En Turquie, on dit les omelettes avec ou sans oignons, mais s'il n'y a pas d'oignon, ce n'est pas possible. Avant, les pauvres se nourrissaient de pommes de terre et d'oignons. Aujourd'hui, le kilo coûte 35 livres", témoigne Yalda au micro d’Europe 1, les yeux rivés sur les étiquettes. 35 livres soit 1,60 euros. Un prix sept fois plus cher que l'année dernière, quand le salaire minimum turc atteignait à peine les 440 euros par mois. La mère de famille a décidé de faire une croix sur la viande rouge. "J'en achète seulement une fois par mois, je prends 200 grammes de viandes hachées. Nous sommes cinq dans la famille et on ne se nourrit pas correctement", rapporte-t-elle.

"Les prix continueront à grimper"

Depuis la rue, les chants partisans de la campagne électorale résonnent jusque dans les magasins. Malgré son salaire d'aiguilleurs du ciel, un père de famille rapporte au micro d’Europe 1 qu’il remplit son caddie a minima. "Les prix continueront à grimper, que ce soit le gouvernement actuel ou l'opposition qui l'emporte. Les candidats peuvent faire des promesses, mais la seule qui importe, c'est d'occuper le fauteuil du pouvoir". Rendez-vous ce dimanche, pour le premier tour de l’élection.