Portugal : tout ce qu'il faut savoir pour comprendre les enjeux derrière les élections législatives anticipées
Quatre mois après la démission du Premier ministre, Antonio Costa, les Portugais sont appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées, ce dimanche. Le Parti socialiste, au pouvoir depuis huit ans, pourrait bien le perdre au profit de l'Alliance Démocratique de droite. Mais les choses ne s'annoncent pas aussi simples.
Un scrutin au résultat indécis. Les Portugais sont appelés aux urnes, ce dimanche, pour renouveler les 230 députés qui composent l'Assemblée de la République. 19 partis se présentent pour ces élections législatives. Un scrutin anticipé organisé après la démission du Premier ministre socialiste, Antonio Costa , impliqué dans une affaire de trafic d'influence, et la dissolution du Parlement annoncée par le Président, Marcelo Rebelo de Sousa , dans la foulée.
Au total, c'est donc plus de neuf millions de Portugais qui devraient se rendre dans les bureaux de vote. Sans oublier les 1,5 million d'électeurs vivants à l'étranger qui pourront également voter par correspondance (jusqu'au 9 mars) ou directement au consulat (les 9 et 10 mars). En France, cela concerne 238.000 personnes selon la Commission nationale des élections, joint par Europe 1. Le parti qui sortira vainqueur de cette élection sera invité par le chef de l'État à former un gouvernement. Une tâche qui s'annonce difficile.
L'Alliance Démocratique de la droite en tête des sondages
Après huit ans au pouvoir, le Parti socialiste (PS) pourrait le perdre au profit de l'Alliance Démocratique (AD), une coalition formée par les partis de droite et de centre-droite du PSD, du CDS et du Parti monarchique, dirigé par Luis Montenegro. Cette dernière est même créditée de 34% des voix contre 28% pour le PS dans le dernier sondage Cesop pour RTP / Antena 1 et le journal PÚBLICO.
Mais en cas de victoire de l'AD, cela ne lui garantit pas une arrivée au pouvoir.
En effet, si les quatre partis de gauche portugais s'allient, ils seront crédités de 41% des suffrages, contre les 34% de l'AD. À noter que la coalition pourrait grimper jusqu'à 40% si elle parvient à un accord avec l'Initiative libérale, un parti de droite crédité de 6%.
Reste que dans ce cas de figure, la gauche pourrait faire barrage à un gouvernement de droite et parvenir ainsi à se maintenir au pouvoir.
>> LIRE AUSSI - Soupçons de corruption, démissions du Premier ministre, erreur judiciaire... que se passe-t-il au Portugal ?
Le parti nationaliste Chega, troisième force politique du pays ?
Pour parvenir à imposer son gouvernement, l'Alliance Démocratique pourrait donc opter pour une autre alliance, avec Chega. Une option qui est loin de faire l'unanimité au sein de cette dernière, puisque le Chega ("Ça suffit" en français), est un parti nationaliste et conservateur. Crée en 2019 par André Ventura, ancien commentateur sportif, la formation est actuellement en pleine montée de popularité et bénéficie des votes protestataires des Portugais las des scandales à répétition qui touchent la politique portugaise. Crédité de 17% des intentions de vote, Chega est en mesure de devenir le troisième parti du pays et l'arbitre de ces élections.
Conscient de la situation, André Ventura, le fondateur du parti, a d'ores et déjà fait savoir qu'il n'appuierait pas un gouvernement de droite si sa formation n'a pas de place dans l'équation. Mais de son côté, le chef de l'AD, Luis Montenegro, s'est dit prêt à prendre le risque de gouverner avec une majorité relative, donc sans le parti nationaliste.
Une situation qui ne serait pas si problématique pour Chega, puisqu'au-delà des législatives, le parti d'André Ventura a également en ligne de mire les élections européennes. Il espère ainsi envoyer plusieurs de ses membres à Bruxelles, au sein du groupe Identité et démocratie , dans lequel se trouve... le Rassemblement national.