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Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC et ancien commissaire européen, explique que l'Europe doit faire des compromis avec Ankara pour résoudre la crise des migrants.

Le projet d'accord entre l'Union Européenne et la Turquie pour résoudre la crise des réfugiés est loin de faire l'unanimité. Le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a ainsi jugé "illégales" les expulsions collectives de migrants vers la Turquie, qui figurent dans l'ébauche du texte. "L'accord avec la Turquie, je ne l'aime pas beaucoup", a admis Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC, jeudi soir au Club de la presse d'Europe 1. "Mais c'est aussi ça, la diplomatie", a poursuivi l'ancien commissaire européen, défendant l'utilité de cet accord pour endiguer l'afflux de migrants dans l'UE. 

"Parfois il faut adapter les valeurs aux circonstances". "Le régime de Monsieur Erdogan est sévère et excessif en matière de libertés publiques, de liberté de la presse. Mais c'est aussi ça, la diplomatie. Il y a des valeurs, et des circonstances. Parfois, il faut adapter les valeurs aux circonstances, si ceci permet de reprendre la maîtrise de ces flux que nous avons perdus collectivement. Alors, c'est une direction dans laquelle il faut aller. Je ne dis pas ça de gaieté de cœur, mais parfois il faut faire des compromis", a tranché Pascal Lamy. 

Le projet divise l'UE. Contesté par les ONG, le projet UE-Turquie est aussi loin de faire l'unanimité au sein des 28. Plusieurs membres de l'UE ont exprimé leurs doutes, inquiets de sa faisabilité mais aussi d'éventuelles compromissions avec le régime de Recep Tayyip Erdogan, taxé de dérive autoritaire. Les Turcs sont "très éloignés des valeurs et principes de l'Europe", a ainsi critiqué le ministre belge Jan Jambon.

La semaine dernière, les autorités turques ont placé sous tutelle le quotidien Zaman, très critique envers le pouvoir en place. Depuis, la ligne du journal a adopté une ligne nettement pro-gouvernementale.