Le "oui" a recueilli 51,37% des suffrages dimanche après dépouillement des bulletins dans 99,45% des urnes. 6:04
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Justin Morin édité par C.O. , modifié à
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche, d'une courte tête, le référendum sur le renforcement de ses pouvoirs.

C'est une victoire, mais ce n'est pas un plébiscite. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a remporté dimanche d'une courte tête le référendum qui doit renforcer ses pouvoirs. Selon les chiffres de l'agence de presse progouvernementale Anadolu publié dans la nuit de dimanche à lundi, il n'aurait obtenu que 51,37% des suffrages dimanche, après dépouillement des bulletins dans 99,45% des urnes.

Aussitôt ce résultat annoncé, le chef de l'État, qui est intervenu à la télévision, a salué une décision historique du peuple turc et a appelé les pays étrangers à respecter le résultat du scrutin, alors que l'opposition a dénoncé une fraude.

Au pouvoir jusqu'en 2029. L'enjeu pour le président turc est décisif. Le référendum prévoit de changer fondamentalement le système politique à partir de 2019, à la suite de la prochaine élection présidentielle. Si Recep Tayyip Erdogan est réélu en 2019, il pourra rester au pouvoir jusqu'en 2029 (la limite des mandats sera de deux fois cinq ans, les compteurs repartant à zéro à partir de 2019).

Grâce à cette nouvelle constitution, le futur président détiendra par ailleurs un pouvoir considérablement renforcé. L'exécutif sera concentré dans les mains du président, et le poste de Premier ministre disparaîtra. "Il deviendra chef de parti majoritaire au parlement", précise Ahmet Insel politologue et spécialiste de la Turquie sur Europe 1.

"Plus de séparation formelle des pouvoirs". Le deuxième changement majeur concernera la justice. "Le conseil supérieur de la magistrature, qui a le pouvoir sur l'ensemble des nominations des magistrats et des procureurs, va changer : ils vont être nommés pour un tiers par le président de la République et pour deux tiers par la majorité parlementaire que le président contrôlera", souligne le politologue. Avec ce changement constitutionnel, "il n'y aura plus de séparation formelle des pouvoirs. Cela va créer de plus en plus de confusion", ajoute-t-il.